Kitano passe au micro-management
Lors d'une réunion d'une famille Yakuza avec ses vassaux, le grand chef Kan'nai intervient auprès de Ikemoto, un de ses sous-fifres pour qu'il stoppe tout contact avec Murase, un autre vassal et avec lequel Ikemoto a fait un pacte en prison car Murase se lance dans la drigue. Ikemoto demande alors à Otomo de créer une "annexe" sur le territoire de Murase et les ennuis commencent. Murase tente de calmer le jeu mais bien sûr, rien n'y fait. Il va alors voir Kan'nai qui l'ecourage à contre-attaquer. Kannai et son bras Kato veulent ainsi créer la zizanie entre les vassaux. Diviser pour mieux régner. Otomo, subordonné de Ikemoto, avec l'aide de Ishihara et Mizuno va donc s'occuper de la basse besogne et aussi d'augmenter les bénéfices de la famille en ouvrant un casino avec l'aide plus ou moins volontaire de l'ambassadeur d'un pays africain. Tout ne se passe pas exactement comme prévu puisque les choses tournent mal pour Ikemoto et Otomo. Murase a en effet envoyé Kimura pour remettre les choses dans l'ordre mais ce dernier se fera défiguré au cutter par Otomo.
Vous êtes un peu perdu avec tous les noms des Yakuza ? Ne vous inquiétez pas, pour moi aussi, ça a été dur au début. C'est l'un des reproches que je ferai au scénario du film : trop peu explicite. Il faut, pour le coup, être au courant des liens et des hiérarchies entre les clans des Yakuza. Savoir que telle famille est subordonnée mais pas liée par le sang, que les pactes sont sacrés... jusqu'à un certain point ou que le code d'honneur se délite avec les nouvelles générations. Les non-dits et les sous-entendus sont des traits de qualité que j'apprécie dans les films de Kitano mais là, il est sans doute allé trop loin pour moi.
En fait, c'est un film de Yakuza très classique dans l'esprit Kitano. Mais comme c'est au moins son 6e film de ce genre, on dirait qu'il souhaite explorer une nouvelle piste, plus intime, celle du code d'honneur des Yakuza old school pour voir jusqu'où ça peut les mener lorsqu'un grand chef veut semer la zizanie.
Ce sujet plus précis penche vers le micro management. On se contente de suivre les tergiversations internes d'un clan, même s'il est tout de même le plus développé du Kanto (région de Tôkyô). Il n'y a pas d'ambition grandiloquente, pas de lutte à mort contre la police, pas d'expansion de territoire. Il s'agit ici "simplement" d'une lutte d'influences et de hiérarchie au sein d'une même famille qui en mènera beaucoup à la mort et la famille vers la déchéance
J'ai quand même l'impression que Kitano tourne en rond depuis quelques années. Grand fan de ses films depuis que j'ai découvert Sonatine à la télévision probablement vers 1995, j'ai été subjugué par Hana Bi et même enthousiasmé par Brother. J'ai ri devant Kikujiro et été ému par A Scene at the Sea. Mais Zatoichi a été le dernier que j'ai vu au cinéma. J'ai bien acheté Takeshi's en DVD mais en 2008, 3 ans après sa sortie, ce qui aurait été scandaleux pour moi quelques années auparavant. Et je n'ai toujours pas vu Glory to the Filmmaker ou Achille et la Tortue. Je perds la flamme Kitano au fil de ses réalisations. Même si ce Outrage est efficace et qu'on sent la patte Kitano par touches, ce n'est plus la pareil. Il n'y a pas la puissance d'un Sonatine ou le dynamisme d'un Brother. Tout est plus subtil ici, peut-être trop.