Même en cherchant jusqu'au tréfonds des failles tectoniques abyssales et mal fréquentées, j'avoue, avec toute la bonne foi du monde, avoir du mal à trouver l'élément salvateur qui me permettra de parler avec joie et bonheur de Pacific Rim. Et je n’aurais même pas besoin de trop spoiler, autant il est difficile de spoiler plus que les teasers officiels ne l'on fait en 2'30''. Aussi vrai qu'il est à la limite du supportable d'assister au jeu de massacre que nous inflige un long métrage qui s'auto-fusille les 2/3 du temps alors qu'il porte la promesse d'une fresque dantesque dont tout public a toujours rêvé. Et pourtant j'aurais vraiment voulu trouver des choses chouettes à dire sur le délire de l'ami Guillermo, vraiment. Il y avait un tas de choses prometteuses en apéritif et la (grosse) bête semblait affriolante. Un blogbuster de cette ampleur mérite même de se parer de tout l'attirail du parfait ciné-gobeur mais même la sauce fromage tiédasse des nachos m'a laissée de marbre. Pourquoi un film avec autant de moyens et au pitch franchement alléchant se tire-t-il dans le pied avec autant d'acharnement ? Quand on a la liberté de pouvoir mettre en scène des monstres godzillesques qui se frittent à de bon gros robots géants avec des épées et des canons à plasma, on a le devoir de ne pas décevoir le petit gamin avide de sensations fortes qui sommeille en chacun de nous non ? Passons outre le fait que la progression nous impose de dévoiler l'essence du film dans les 15 premières minutes, mais aurait-elle au moins le mérite de construire et proposer des choses innovantes par la suite? J'ai beau chercher mais la réponse reste nada.

Pas une des directions narratives, pourtant parfois prometteuses, esquissées dans le déroulement ne trouve vraiment la juste place qui permettrai à Pacific Rim de présenter un univers cohérent et homogène. Et non je ne prendrais pas la peine de les énumérer, trop de questions restent sans réponses, trop d’ébauches de ramifications qui n’aboutissent pas.

Un accident? Une faille...temporelle? dimensionnelle? Des monstres qui tuent tout le monde = des robots rebelles pour faire le boulot. Au pire un grand mur. Lovecraft? Des envahisseur? Des clones? un plan? Des connexions neuronales? Il en a après moi! Ou pas. Oh mon dieu elle est enceinte! Balançons une bombe nucléaire on verra bien. Des extraterrestres qu'on dirait un croisement cheap entre ceux d'Independance day et le faune du labyrinthe de Pan. Il ne peut plus rien nous arriver d'affreux maintenant.

Même le fait d'assumer de plonger une grosse papatte juteuse dans la soupe d'autres univers de genre ne permet pas de ramener des éléments qui s'agencent entre eux. Faire une bouilles de références à des films comme Transformers, Godzilla, Indépendance day en passant par les excellentes adaptations de l’anime Evangelion ne fait pas toujours recette. Hélas ! Pourtant l’animation et le rendu des bestioles comme des mécas sont convaincant et ces derniers font nettement meilleure figure que les transformers. (Suis-je le seul à voir Samus Aran, héroïne de Métroïd dans le design de la boite à conserve principale ?). Non, Pacific Rim se perd décidément entre emprunts trop audacieux à la culture nippone et bon gros film amerloque efficace. Le mélange était pourtant potentiellement intéressant mais trop risqué et inexploitable pour un film à grande audience. Horreur suprême au niveau des dialogues, qui pourraient au moins faire honneur au genre et lâcher quelques lignes cultes qui auraient animé les cours de récré, mais là aussi j'en étais franchement pour mes frais. A moins d'avoir des exigences vraiment au rabais. Le casting...oui...ça aurait pu donner quelque chose, ça AURAIT PU si on leur avait donné quelque chose d’intéressant à se mettre sous la dent, ce qui leur aurait évité de se référer au tableau des clichés même pas marrant ! Mais la saveur manque cruellement, stigmate que l’on retrouve durant tout le film à mon humble avis. Parce que c’est bien ça qui fait réellement défaut à Pacific Rim, c’est son absence totale d’identité, d’essence et même les bonnes idées visuelles ne permettent pas de prendre à la magie.

Tout cela est écrit à chaud et ce n’est évidemment qu’un avis, mais pour ma part le seul mérite du film est de m’avoir donné envie de voir les Evangelion que je n’ai pas encore vus. (Merci François). Il me semble tout de même que ces film ont au moins le mérite d’offrir une expérience complète et convaincante, où le raffinement et la sensibilité ne sont pas absent.

La prouesse technique, qui t’en met franchement plein la face, devient un pâle maquillage, pseudo carrosserie qui couvre un moteur qui s’étouffe en tournant à vide. La 3D n’arrive même pas à donner mal au crâne tellement le vide expérientiel du spectateur se fait ressentir. Le creux du scénario s’ajoute à celui des personnages, pour qui il n’est franchement pas facile d’éprouver une quelconque empathie, et s’effrite à l’image de la mutilation prématurée des branches qu’il envoie vainement pour tenter de planter un univers intéressant.
Ben_Ardent
4
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le 22 juil. 2013

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Ben_Ardent

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