Un film étrange, qui échappe à la notation.
Benoît Magimel incarne un haut commissaire (qu’est-ce que c’est précisément ? Je ne sais pas) sur une île du Pacifique. Pourquoi est-il là ? Mystère. En tout cas, il discute avec différents milieux locaux : la marine nationale, des serveuses, des élus, et une sorte de barbouzerie interlope qui infeste le film.
Il y a des rumeurs de reprise des essais nucléaires, ce qui sert de fil rouge. Mais d’histoire, il n’y en a pas.
Cela vous semble confus ? Pas du tout, car il faut essayer de comprendre le dispositif mis en place par l’auteur. Ce que je vais tenter de faire ici. Alors, spéculons.
Il y a des décors, et dans ces décors, des gens qui sont censés s’y trouver. L’auteur balance Benoît Magimel dans le décor, sans dialogue écrit, qu’il doit improviser. Ses instructions :
- Tu es un haut représentant de l’État… et c’est tout.
Le fil rouge, la reprise des essais nucléaires (idée absurde s’il en est), n’est qu’un artifice pour faire émerger des rapports de force larvés.
Et c’est tout, pourtant...
Le film est long, mais se regarde bien. La photographie est magnifique, mais c’est normal : les décors sont sublimes. Le dispositif est visible, on voit bien que les gens n’ont rien à dire, qu’il n’y a pas d’intrigue, que… les coutures de la narration sont apparentes. Mais ce n’est pas grave. C’est même fascinant.
Magimel interprète un personnage sans but, alors qu’il devrait en avoir un. Il semble se diriger vers des objectifs inconnus. En réalité, on observe un acteur qui n’a rien à dire et qui empile des phrases creuses, sans direction claire. Est-ce que c’est génial ? Peut-être bien.
Une proposition de cinéma radical. L’amiral est excellent !