Réalisé par Ashutosh Gowariker, qui en 2002 fit exploser le box-office indien et connu un véritable succès en Occident avec son Lagaan, Panipat narre la bataille du même nom, qui opposa les Marathes et leurs alliés aux troupes Afghanes de l’empereur Ahmad Shah Abdali en 1761.
On a affaire là à une grosse production qui malgré les magnifiques costumes, quelques rares, mais réelles idées de mise en scène, et un visuel, une fois n’est pas coutume dans le cinéma indien, très au-dessus de la moyenne, souffre d’un évident manque de moyens. Le réalisateur cherche à masquer ce manque de moyens, financiers, mais surtout techniques, par des procédés d’animation pas vraiment à la hauteur.
Niveau casting, ce n’est pas non plus très emballant, on retrouve le très quelconque et peu charismatique Arjun Kapoor – j’ai personnellement un peu de mal avec cet acteur – dans le rôle du commandant en chef des armées Marathes, et la jolie, mais très peu expressive Kriti Sanon, le personnage du général Afghan, quant à lui est parfaitement interprété par l’excellent Sanjay Dutt, considérer comme le « bad guy » du cinéma indien, qui compte à son actif plus de 200 films, dont certains gros succès dans les années 80 - à noter qu’il connut des problèmes de drogue et fût condamné à de la prison ferme pour avoir été impliqué dans un trafic d’armes avec les responsables des attentats de Bombay (devenu Mumbai) en 1993, ni plus ni moins... le reste de la distribution est absolument anecdotique, tellement le schéma narratif se concentre exclusivement sur ces 3 personnages.
Il manque clairement à Gowariker, la folie qu’un Sanjay Leela Bhansali parvient toujours à insuffler à ses films. On a vraiment envie de s’attacher à ce genre d’œuvres lorsque, comme moi, on s’intéresse à l’histoire de l’Inde. De ce côté ça a l’avantage d’être novateur. Du point de vue cinématographique ce n’est malheureusement pas à la hauteur. Probablement le manque ou la mauvaise utilisation des moyens mis à sa disposition, mais ça c’est l’apanage du cinéma indien qui ne possède pas les finances affiliées aux blockbusters Hollywoodiens. Malgré ces limites, certains cinéastes, je citerai bien évidemment Bhansali, parviennent à masquer ces lacunes par des tonnes d’idées de mise en scène et par une énergie vivifiante, ce n’est pas le cas chez Gowariker, dont les vraies ambitions ne sont pas proportionnelles à ce qu’il parvient à rendre à l’écran.
Personnellement, au-delà de l’aspect visuel, je n’avais pas été transcendé par son Lagaan, et avait détesté son Swades. Donc, Gowariker est pour moi, un peu au cinéma idien, toutes proportions gardées bien évidemment, ce qu’un Mankiewicz ou un Preminger étaient aux grandes œuvres Hollywoodiennes du cinéma classique.
Si je fais référence au cinéma Hollywoodien de l’époque, c’est que Panipat m’y fait penser par certains aspects. Dans son processus de mise en place et dans sa volonté de donner une dimension grandiloquente à sa narration notamment. On en restera là.
Les batailles se limitent à quelques effets de style redistribués à volo et n’atteignent quasiment jamais le grand souffle épique que ce genre d’œuvres exigent. Restent les costumes et le visuel dont on se délecte aisément, car ça fait aussi partie du processus d’élévation qu’exige un film en costume (mazette...). Alors bien sûr ce n’est pas suffisant pour atteindre des sommets Kurosawaiens, on serait plus dans du sommet Zhang Yi-Mouien (…), mais ça permet d’amoindrir les limites des ambitions de l’auteur.