Très éloigné de ses futurs longs métrages, dans lesquels la mise en scène inventive de Kusturica introduira des moments de poésie, d'onirisme ou de truculence qui font toute sa singularité et sa séduction, le cinéaste fait preuve de beaucoup de rigueur dans l'évocation, ici, d'une famille bosniaque des années 50.
Le récit a valeur de témoignage historique dans la restitution de l'atmosphère sociale et politique sous Tito Le voyage d'affaires dont il est question dans le titre est, dans les faits, la déportation d'un père de famille pour quelques paroles jugées séditieuses.
Sans doute inspiré par ses propres souvenirs, Kusturica présente l'histoire par l'intermédiaire d'un gamin dont la narration et le regard d'enfant introduisent une peinture forcément attendrissante. Procédé sentimental un peu facile et trop souvent utilisé à mon goût. La sobriété de la mise en scène épouse la rigueur des temps mais parait généralement terne. Aussi, de cette chronique familiale et sociale je n'ai perçu que très rarement une émotion dramatique susceptible de m'attacher aux personnages.