Suite de "Papa, maman, la bonne et moi" que Jean-Paul Lechanois s'est empressé de faire dans la foulée du succès populaire du premier volet.
Quelques années ont passé mais pas suffisamment pour que cela se voit sur les acteurs qui ont tous rempilé pour tourner cette gentille comédie nostalgique. Les personnages de Fernand Ledoux et Gaby Morlay sont devenus grands-parents, ceux de Robert Lamoureux et Nicole Courcel les parents de deux fois deux jumeaux. Et tous vivent dans l'appartement qui était déjà étriqué pour trois personnes … De l'astuce, encore de l'astuce pour utiliser tous les volumes perdus …
On est toujours dans un contexte dit des trente glorieuses sauf que ce n'est que le début de ces trente glorieuses avec une crise du logement après-guerre et des revenus pas si hauts qui excluaient ce qui paraît presque être le minimum aujourd'hui à savoir être propriétaire et posséder une voiture …
Finalement ce genre de film qui est le témoin d'une certaine période est bien utile pour mesurer l'évolution de la société en un demi-siècle.
C'est une période où on sent que la société va basculer vers autre chose, vers une disparition de certains métiers (le rétameur, le vitrier) et vers un changement fondamental concernant la femme notamment. Que la femme au foyer s'estompe peu à peu au profit d'une femme qui travaille n'est plus forcément quelque chose de choquant. On n'en est pas encore là mais le film évoque cette possibilité pour les milieux qu'on peut qualifier de bourgeois ou petit-bourgeois.
Le film reste plaisant à regarder même aujourd'hui car construit autour de petites saynètes sur un thème donné. Par exemple, les scènes de (très léger) marivaudage de Gaby Morlay qui se plait à rêver d'une jeunesse un peu lointaine faisant suite à l'admiration passionnée du jeune et timide Etcheverry. Mais le film ne se veut pas être une simple accumulation de sketches car chaque scène trouve son prolongement dans la suivante. Pour revenir à la scène que j'évoquais tantôt, Nicole Courcel saisit "la balle au bond" pour tester la jalousie de son mari, test qui se révèle très positif …
Autour de ces quatre personnages dont les caractères ne diffèrent pas par rapport au premier opus, gravitent une floppée d'acteurs qui feront pour certains de belles carrières au cinéma. Louis de Funès, tout jeune, dans le rôle du bricoleur impénitent, Jean Tissier en conseiller immobilier doué pour faire avaler des couleuvres, Marcel Pérès en entrepreneur obtus et têtu,
On y trouve Gabrielle Fontan (j'adore) dans le rôle d'une directrice du lycée où enseigne Fernand Ledoux. Suprême ironie du cinéaste car elle est chargée d'annoncer et "d'inviter" Fernand Ledoux à prendre sa retraite. Après vérification, elle a 24 ans de plus que Ledoux qui atteint la petite soixantaine…
On y trouve aussi les seconds rôles classiques à cette époque comme Albert Michel, Bernard Musson, Mylène Demongeot toute jeunette, Jacques Marin et j'en oublie…
Personnellement, j'ai une légère préférence pour le premier opus que j'avais noté 8 ; je mettrai donc 7 ici qui reste, dans mon système d'évaluation, une note correspondant aux très bons films.
Et j'y tiens ne serait-ce que pour faire la nique à ces messieurs de la nouvelle vague pour qui ces deux films étaient la quintessence de la ringardise.