La première réalisation de Mounia Meddour résonne indubitablement. Papicha ouvre les yeux sur une époque sombre et une société algérienne bafouée, où des jeunes femmes ont résisté à l'oppression, ont refusé de se soumettre à l'intégrisme religieux pour défendre leur pays et leurs racines, vivre leur vie avec rage et innocence. Pour la violence du propos et pour son hymne à l'émancipation des femmes, ce film m'a rappelé le récent Les hirondelles de Kaboul. Ici, ce portrait de femme est magnifique, très prenant avec son parti-pris de filmer les corps de près et ainsi, de vivre toute l'action par l'intermédiaire du personnage principal. On observe ses gestes et ses mouvements, ses rires, ses pleurs face à toute l'horreur et les injustices de ce pays en guerre. De ceci découle une rage de vivre, une force imperceptible qui fait écho en chacun de nous. Jamais elle ne se résignera à fuir son pays et c'est là que réside toute la puissance de ce personnage ! C'est violent et farouchement touchant. On découvre Lyna Khoudri, interprète solide et vibrante, lumineuse et coriace. Les autres personnages sont complexes, très interessants dans leur progression et leur mentalité et stimulent notre intérêt du début à la fin. Et je dois avouer que ces dialogues intégralement en françarabe apportent une originalité étonnante. Pour moi, contempler ces jeunes femmes protester à leur manière par le biais d'un défilé de mode au coeur d'une ville frappée par des actes terroristes est un acte de rébellion d'une intensité exemplaire et bouleversante, synonyme de liberté, d'insoumission et de lutte. Ce sont avec des petits riens qu'on fait bouger les grandes choses régies par l'autorité majoritaire et Papicha, de près ou de loin, le confirme. Non pas pour sortir les armes, mais plutôt pour continuer à crier notre droit à la liberté, avec espoir et optimisme !