Bien que tourné en Algérie avec toutes les autorisations nécessaires, le film de Mounia Meddour ne devrait pas connaître une sortie en salles dans son pays. Le propos y est surement pour quelque chose alors que le pays est confronté de nouveau aux revendications d’une population qui aspire à plus de poids sur les décisions du pouvoir.
Dans Papicha, ce sont les années 90 d’Alger qui sont évoquées, cette décennie noire aux les mouvements intégristes tentaient de faire leur loi. Cet épisode de l’histoire contemporaine algérienne est vue par le regard de jeunes filles. Tout sauf un hasard : la cinéaste s’inspire largement de ce qu’elle a vécu pour brosser le portrait de ses héroïnes, jeunesse tiraillée par ses rêves et la violence de la réalité.
La réalité ? C’est que ces jeunes filles, à commencer par Nedjma (lumineuse Lyna Khoudri), sont harcelées. Dans la rue, par le regard des garçons de leur âge comme du gardien de cité U vite dépassé par sa libido. Dans sa vie de tous les jours, quand la jeune fille est attaquée par les religieuses qui lui voue une haine tenace pour sa modernité et sa liberté. Dans sa vie amoureuse, quand son petit copain lui propose l’exil en France.
Papicha est un cri, un plaidoyer contre l’obscurantisme religieux. Un message fort porté avec justesse dans la mise en scène et le jeu de ces acteurs, mais qui aurait mérité sans doute un peu plus de distance et moins d’affect, qui alourdit le propos.