Revoir Papillon c’est revoir Steve McQueen qui révèle son talent d’acteur. Avec Dustin Hoffman en compagnon de cellule, le choix joue évidemment sur leur succès respectifs de la grande époque du cinéma. (Bullitt, Guet Apens, pour l'un, Les chiens de paille, Little Big Man pour l'autre). Le film carcéral par excellence. On pense aisément à Midnight express (Alan Parker-1978) et moins à ce qui se fait aujourd’hui dans le genre, axant principalement sur les effets spectaculaires d’évasion pour le moins incroyables !
Adapté du roman autobiographique d’Henry Charrière, sur un scénario convainquant de Dalton Trumbo, Franklin James Schaffner, cinéaste peu prolifique, signera un grand film d’aventures prenant et retranscrit à merveille l’environnement carcéral de l’île du Diable, servie par la musique de Jerry Goldsmith (des années 60 à 90 un grand nombre de musiques de films et la plupart de ceux du réalisateur).
Charrière qui tiendra son surnom de son tatouage rencontre Louis Delga sur le bateau les emmenant en prison. Une somme d’argent à la clé, ils vivront quelques péripéties, avec un soupçon de «survival». Cet homme innocent qui n’aura de cesse de vouloir fuir un enfer fait de brimades et autres coups, luttera pour la survie, rencontrera des taulards peu engageants, sera victime de privations diverses. Ces années 40 où la justice n’hésitait pas à «casser» l’humanité de l’homme. Quatorze années d’enfer.
Duo finalement profondément amical entre le charismatique Steve McQueen et le fragile Dustin Hoffman, escroc inoffensif qu’il prendra sous son aîle, un tantinet névrosé, victime des autres.
C’est donc bien sûr ce duo improbable qui fera aussi le succès du film.
Le scénario joue habilement des genres, pointe les tensions, agrémente de quelques scènes d’humour et de dialogues pour pointer les relations humaines et l’adversité de la situation.
Rebondissements et grandes difficultés à mettre en œuvre un plan d’évasion où rien ne se passe vraiment facilement, leur force les fera tenir et espérer et nous permet quelques moments bénéfiques.
Les scènes d’isolement quant à elles, sont poignantes. Cette partie du film d’ailleurs est pour moi le meilleur permettant à l’acteur de s’éloigner définitivement de ses rôles de séducteur. Vieillit, en perte de repères, émouvant, l’acteur joue avec sobriété. L’horreur des méthodes est ainsi fortement ressentie et l’émotion gagne.
Papillon c’est la tentative réussie d’un huis-clos réaliste pointant la volonté et la quête de liberté.
Après un second visionnage, quelques longueurs sur un film assez long de 2h30. Le croisement entre l’action et l’intensité des moments de solitude peut tout autant déranger que permettre de souffler.
Le duo même, qui aujourd’hui peut s’avérer un brin excessif, la scène de la jungle en porte à faux pour un moment hors du temps...ce mélange de genre peut en dérouter certains. Mais la qualité des décors, de la photographie, les couleurs et ce sentiment d’étouffement constant assure le suspense et la mise en scène parfaite permet de passer sur quelques défauts de rythme. Pour finir des jeux d’acteurs à eux seuls qui suffisent à le voir « déjà » et le revoir certainement.