‘Paprika’ démarre en fanfare, avec deux des meilleurs passages de l’œuvre. Le rêve torrentiel du capitaine Konakawa, aux transitions travaillées, est si réussi que son explication devient par la suite une intrigue secondaire presque plus intéressante que la trame principale. Immédiatement après, le générique nous en met plein la vue, puisque le réalisateur redouble d’ingéniosité pour mouvoir la volatile et fantomatique Paprika. En outre, la musique du générique est étonnante, à la fois électrique et mystérieuse. En fait, le compositeur Susumu Hirasawa réalise une très bonne bande-originale, avec des morceaux en parfaite adéquation avec les images, comme le thème accompagnant la parade.
Après cette introduction énigmatique mais réussie, ‘Paprika’ rentre dans le vif du sujet. Le récit repose sur l’invention d’une machine qui permet de pénétrer dans le rêve d’une autre personne, et d’avoir ainsi accès à son subconscient. A partir de cette idée originale, le film se lance dans une enquête farfelue dans le monde onirique. En soi, le scénario est loin d’être mauvais, et propose même des rebondissements intéressants (Himuro n’est en fait qu’un pantin). Mais le scénario souffre largement d’une narration obscure, alors que les principes des DC Minis ne sont pas clairs. C’est pire encore pour le final de l’œuvre. L’implication du président crée de grandes zones d’ombres, et on ne comprend franchement pas le rôle d’Osanai. Et lorsque les rêves envahissent la réalité, le film abandonne complètement son spectateur. A l’instar de ‘Akira’, ‘Paprika’ s’achève dans un duel de titans dont on ne saisit ni l’origine, ni la signification, ni les aboutissants.
Christopher Nolan, en s’inspirant de ‘Paprika’ pour ‘Inception’ a su éviter toutes les erreurs de ce film d’animation. D’une part, l’introduction des rêves dans la réalité nuit complètement au crédit du film, et le scénario aurait mieux fait de contenir les folies visuelles dans les passages purement oniriques. D’autre part, plus d’explications sur les points clefs de la navigation dans les rêves auraient été nécessaires, puisqu’on ne comprend jamais le fonctionnement des rêves communautaires.
C’est d’autant plus regrettable que l’œuvre sait profiter de l’animation pour illustrer les folies du subconscient. La parade de jouets et de mobiliers fait très forte impression, mais ce n’est que lorsqu’elle débarque dans le réel qu’elle atteint son apogée carnavalesque. Si le reste des rêves tirent plutôt vers le cauchemar, certaines images sont tout de même efficaces, comme le déchirement violent et malsain de Paprika. D’ailleurs, ce personnage lui-même reste un mystère à la fin du récit. Il s’agit certes de l’alter-ego subconscient de Chiba, mais on ne saisit tout de même pas ses apparitions dans le réel, ni les rapports que Chiba et Paprika entretiennent.
Un film d’animation original, mais obscur.