Le maître Antonioni a dû affronter de bien nombreux obstacles pour pouvoir réaliser son dernier long-métrage : un casting international censé toucher tous les styles de public à travers le monde (John Malkovitch, Paul Weller, Ines Sastre, Fanny Ardant, Sophie Marceau et j'en passe...), la supervision d'un cinéaste devenu la caricature de lui-même (Wim Wenders)... et la vieillesse tout simplement.
Oublions donc les séquences "qui donnent du sens" filmées par Wenders (prologue, épilogue et entractes), le "jeu profond" des acteurs, la prétention des maximes, proverbes et réflexion semés ici ou là... Oublions le deuxième sketch (ridicule) et le troisième (convenu).
En revanche, pour qui connaît l'oeuvre de l'un des plus grands génies du cinéma, quelle satisfaction de se laisser embarquer par le premier et le quatrième sketche, de loin les plus romantiques, les plus sobres... les seuls abordant, au travers de beautés éparses, du thème essentiel de cette oeuvre malade : l'incapacité de la plupart de nos semblables à savoir dire "je t'aime", sans un mot, par la seule puissance charnelle.