Dans le rôle de Monsieur Loyal, Jacques Tati présente une soirée au cirque en faisant participer les spectateurs, il donne de sa personne dans des interludes, et avec des numéros musicaux.
Il faut se rappeler que Playtime et Trafic, ses deux films précédents, étaient d'énormes échecs, au point que Jacques Tati a dû se tourner vers la télévision suédoise afin de tourner Parade, qui clôturera sa carrière. Bien sûr, il avait encore des projets, dont un documentaire inachevé sur un match de foot en 1978 que terminera sa fille bien après sa disparition, mais cette façon de clore sa filmographie par là où il avait commencé peut être touchant. On le voit encore flamboyant à près de 70 ans, le show a été tourné en 1973, et on sent à travers la mise en scène et l'énergie qu'il avait encore un amour sincère et profond pour le cirque, mais sans que le spectacle ne soit vraiment spectaculaire en soi.
Les moyens alloués au réalisateur étaient sans doute limités, et s'il a pu bénéficier d'un des chefs opérateurs de Ingmar Bergman, le résultat sonne souvent fabriqué. Comme en témoigne la présence de trois formats d'image, 16 ou 35 mm et énormément de vidéo alors que le support n'en était qu'à ses débuts. Cela donne une image assez disparate, voire franchement laide, pas cohérente pour un sou (les scènes en 35 concernent surtout les coulisses), qui peut être déstabilisante sur la durée. D'autant plus que sur la forme, ça a pas mal vieilli, tout comme le fait de doubler les spectateurs, ça se déroule en Suède, ou les scènes avec le groupe de rock, bien loin des Stones.
Mais le dernier plan, qui est de montrer le fronton du cirque, a quelque chose d'émouvant, et même si Tati ne savait pas qu'il tournait là son dernier film, donne une belle conclusion à son oeuvre, et clôt quelque chose de mineur, mais qui est surtout à replacer dans la biographie de son réalisateur.