Pour réussir une œuvre chorale de qualité, il ne suffit pas de s'entourer de grands acteurs, il faut encore leur donner des rôles consistants leur offrant la possibilité d'exister, au-delà de dialogues triviaux et de situations convenues. C'est peu de dire que Marjane Satrapi ne parvient pratiquement jamais, dans Paradis Paris, à trouver un lien dans un film qui s'éparpille entre une kyrielle de personnages, certains d'ailleurs totalement inutiles et d'autres proches d'être grotesques. Le fil conducteur serait donc la capitale parisienne mais la déclaration d'amour de la créatrice de Persépolis est un peu maigre, à peine illustrée par ses images. Sinon, il s'agit donc de la difficulté de vivre, de la nécessité de se réinventer et d'affronter les deuils, avec cette sacro-sainte idée de résilience, le mot-valise en vogue. Dans ce puzzle qui voudrait ajouter de la fantaisie et de l'humour à une tonalité mélancolique, aucune scène ne s'impose vraiment et peu d'émotion émerge. C'est que chacune des intrigues, c'est souvent la loi du genre, mais quand même, n'a suffisamment d'épaisseur pour nous accrocher à au moins deux ou trois protagonistes. Le casting est riche, bien trop pour ne finalement disserter que sur les aléas de la vie et la finitude de toute existence. La vie, l'amour, la mort : n'est-ce pas le titre d'un film de Claude Lelouch, qui a usé cette trilogie jusqu'à la corde ?