Elles sont trois sœurs suédoises, âgées de 7 à 16 ans, abandonnées (provisoirement ?) par leur mère et sans père à l'horizon. Avec une visite des services sociaux qui s'annonce à brève échéance. Voilà pour les éléments fondamentaux de Paradise is burning mais sa réalisatrice, Mika Gustafson, précise toujours dans ses interviews qu'il s'agissait moins pour elle de "raconter que de montrer." Et montrer quoi ? Une aînée débrouillarde et deux fillettes décidées à ne pas s'en laisser conter par les galères du quotidien, quitte à user de filouterie, quand les circonstances l'exigent. Dans son côté âpre, qui prévaut souvent, le film rappelle Loach, Kore-eda ou les Dardenne mais il y a aussi des moments moins réalistes, qui fleurent bon une poésie qui ne flirte jamais avec la mièvrerie. Cependant, avec un caméra souvent nerveuse, Paradise is burning ressemble plus à une accumulation de scènes, plus ou moins passionnantes, qu'à une construction scénaristique solide et réfléchie. Ce côté buissonnier, éminemment sympathique, emporte l'adhésion, avec une interprétation convaincante à la clé, mais persiste le sentiment que le film aurait sans doute pu être meilleur avec une histoire bien plus équilibrée et assurée sur ses petites pattes.