Pour son premier long-métrage de fiction, la cinéaste suédoise Mika Gustafson nous emmène loin du paradis.
Bianca Delbravo porte à merveille le personnage de Laura, adolescente déterminée et combative à porter à bout de bras (aux avant-bras magnifiquement tatoués) cette fratrie féminine entièrement délaissée de l’attention parentale. Dans ce quotidien laborieux où règne débrouille et magouille, une solidarité et complicité à toute épreuve règne dans cette bande de sœurs. A l’extérieur, bandes de sœurs et bandes de filles interagissent et se fondent au sein des bandes de chiens errants.
Dans ce film, deux tableaux se jouent.
D’une part, les rituels de passage de l’enfance et l’adolescence se font loin de l’attention des adultes ; d’autre part, les rencontres qui émoustillent et font grandir se font avec les adultes. Qu’ils s’agissent de moments de flirt dans des logements squattés ou de concours de karaoké, tout est question de jeux et de fêtes arrosées. Loin de combler un quotidien qui s’effrite, ces moments de légèreté contribuent à se sentir vivante et combative. La force du film tient notamment en un mélange de force, fragilité et grâce de ces protagonistes. Même si leur combat est perdu d’avance et que la réalité sociétale va resurgir, le lien puissant qui les unie demeurera invincible.
Sur la forme, le film s’affranchit du traditionnel drame social et puise sa force dans une mise en scène solaire et dynamique. Notamment, l’éclectisme musical couplé à des moments dansants réchauffent et réconfortent les cœurs.
Film récompensé à la Mostra de Venise 2023 du prix de la meilleure réalisatrice, c’est avec hâte que l’on espère retrouver prochainement cette prometteuse cinéaste.