Il était une fois une époque où un vendeur dans un grand magasin pouvait vivre avec sa famille dans un appartement assez spacieux et confortable à Paris et où la capitale française n'était pas une vaste décharge. Oui, c'est le décor dans lequel se déroule notre film, le cadre dans lequel se déroule notre histoire d'amour...


Tombé inexplicablement dans l'oubli des distributeurs de VHS/DVD et des diffuseurs télé, donc introuvable même pour le cinéphile le plus acharné (je sais très bien de quoi je parle !), Paris au mois d'août est pourtant un film qui a laissé un souvenir fort à ceux qui ont eu la chance de le voir soit à sa sortie, soit lors d'une de ses très rares diffusions télévisées. Maintenant, j'ai la chance de savoir pourquoi...


Excepté pour Le Chat, j'avoue que je n'ai pas une estime incroyable pour les films de Pierre Granier-Deferre, pour cause de mise en scène terne, molle et sans passion. La surprise n'en a été donc que plus agréable. En fait, ce qui m'a fait courir désespérément après ce film, c'était tout simplement l'histoire et ce qu'elle promettait.


Mais là, on a le tiercé gagnant : histoire, mise en scène et acteurs...


L'histoire, qui nous conte une parenthèse enchantée, leur réalité faisant fi de la réalité, en y intégrant des protagonistes subtilement croqués par petites touches, ce qui fait qu'on s'identifie et qu'on s'attache très vite à eux, et des personnages secondaires hauts en couleur mais d'une grande vérité, en nous montrant l'environnement dans lequel qu'ils vivent, en le mettant en scène dans un décor fascinant, à savoir évidemment Paris lors de la période estivale, est prenante et enthousiasmante de la première jusqu'à la dernière seconde. Quant aux dialogues, ils sont aux petits oignons, un délice.


La mise en scène, là j'avoue qu'elle m'a vraiment étonné, par rapport, comme je l'ai déjà dit, à l'idée que j'ai (j'avais ?) du réalisateur, dans le meilleur sens du terme. Aussi bien dans l'immense et splendide (oui, c'est choquant pour les moins de 40 ans mais Paris a été splendide fut un temps !) cité de l'amour, sublimée par des plans d'ensemble et une belle photo de Claude Renoir, que dans l'intimité des appartements de l'immeuble, la réalisation est énergique, fraîche, audacieuse et inventive (euh, c'est vraiment Pierre Granier-Deferre qui a réalisé ce film ?).


Et pour ce qui est des acteurs, Charles Aznavour (belle chanson finale au passage !) joue à la perfection le Français moyen dont on saisit les motivations à la seconde, Susan Hampshire, avec un délicieux accent en prime, est pétillante et apporte beaucoup de charme à l'ensemble. Leur alchimie fonctionne à mort. Les seconds rôles sont eux aussi excellents, un sans faute.


Cette combinaison heureuse fait que Paris au mois d'août est une romance tour à tour insouciante, drôle, grave, émouvante, voire déchirante (il y a une scène devant laquelle, à moins d'être un sociopathe, il est difficile de garder les yeux secs !), souvent surprenante, toujours captivante. On a envie d'y croire et on y croit. Une belle et franche réussite, très injustement mise de côté pendant longtemps, qui se doit d'être vue.

Plume231
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les plus belles histoires d'amour au cinéma

Créée

le 4 oct. 2019

Critique lue 914 fois

34 j'aime

15 commentaires

Plume231

Écrit par

Critique lue 914 fois

34
15

D'autres avis sur Paris au mois d'août

Paris au mois d'août
Grard-Rocher
8

Critique de Paris au mois d'août par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Henri Plantin travaille à la "Samaritaine" et ne peut prendre ses vacances au mois d'août. Son épouse Simone n'a pas le choix et d'un commun accord décide de partir avec les enfants, laissant seul...

31 j'aime

28

Paris au mois d'août
SanFelice
8

La vie rêvée d'Henri Plantin

Un homme banal, petit employé sans envergure, abandonné par femme et enfants pendant les vacances d'été, rencontre une superbe jeune femme. Ce pitch de départ vous rappelle quelque chose ? Le...

le 10 mai 2019

25 j'aime

11

Paris au mois d'août
Chicago
8

Un type ordinaire tombe amoureux d'une cover-girl .... et çà marche !!

Une comédie romantique enthousiaste avec un couple de comédiens qui crève l'écran, Charles Aznavour et Susan Hampshire. Pierre Granier-Deferre donne à son film une atmosphère douce-amère de subtile...

le 24 mai 2019

4 j'aime

Du même critique

Babylon
Plume231
8

Chantons sous la pisse !

L'histoire du septième art est ponctuée de faits étranges, à l'instar de la production de ce film. Comment un studio, des producteurs ont pu se dire qu'aujourd'hui une telle œuvre ambitieuse avait la...

le 18 janv. 2023

309 j'aime

22

Oppenheimer
Plume231
3

Un melon de la taille d'un champignon !

Christopher Nolan est un putain d'excellent technicien (sachant admirablement s'entourer à ce niveau-là !). Il arrive à faire des images à tomber à la renverse, aussi bien par leur réalisme que par...

le 20 juil. 2023

217 j'aime

29

Le Comte de Monte-Cristo
Plume231
3

Le Comte n'est pas bon !

Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise adaptation, il y en a des fidèles et d'autres qui s'éloignent plus ou moins du matériau d'origine. Et la qualité d'un film, issu d'une adaptation...

le 1 juil. 2024

196 j'aime

42