Un film documentaire qui semble s'effacer à mesure de son propre avancement, donnant parfois l'impression d'un ball filmé et entrecoupé d'interventions pour faire découvrir en détails le vocabulaire, les individus et leurs pratiques.
Le milieu drag est ici présenté au travers de ses protagonistes, leurs aspirations, leurs réseaux et environnements, l'intérêt du vêtement, de l'image, du corps et de ses utilisations au profit de mouvements colorés, parfois furieux ou lascif mais surtout extravagants, rivalisant d'ingéniosité pour surprendre, scandaliser et être vu. Le milieu est montrer en insistant sur les couleurs vives et criardes accompagnées de musiques soul, disco ou funk aux rythmiques entraînantes et rêveuses.
À un certain point, "l'envers du décor" est dévoilé sous les paroles des individus, leurs histoires, troubles, doutes et aspirations. C'est à ce moment que la douceur émerge, de la mélancolie qui colle à la peau de ces gens, qui aspirent au luxe, la richesse, la reconnaissance médiatique, s'en rêve avec les yeux pleins d'étoiles. Mais qui dans un autre temps caresse parfois une vie simple, anonyme, rangé et dans les normes.
Si l'on peu déplorer quelques montages maladroits qui font parfois se demander le déroulement d'une scène ou même ce que raconte les personnages, l'ensemble est très digeste et les couleurs se mêlent très bien à l'image. La qualité de l'image semble un peu faible, mais je trouve que cela rajoute du charme, un charme qui semble authentique et proche des individus.
Plus encore que le milieu et ses ramifications, j'ai apprécier le regard proche des corps, des mentalités complexes d'un côté en proie a une volonté d'un système en marge, underground ultra communautaire et de l'autre côté, un ultra-consumérisme effréné. La dualité est ici bien représentée et ouvre les questionnements dans un milieu fourmillant identités et de gimmicks que ce film met en lumière par les pratiques, le vocabulaire et surtout ses protagonistes.