Pas de Woodie-Woodie avant votre film du soir...
Un film avec Alice Taglioni et Patrick Bruel sur -et avec- Woody Allen, estampillé Sophie Lellouche dans son premier long-métrage, avait tout pour laisser le spectateur tenter l'expérience. Pourtant, tout commence très mal avec une Taglioni ado qui désespère de son célibat, et peine ardemment à convaincre tout en réussissant l'exploit d'énerver dès les premières minutes. Car rien n'est convaincant dans son jeu. Cinq minutes plus tard, lorsqu'elle joue son personnage devenu adulte, on se rassure en pensant que l'on pourra de nouveau y croire. Mais les illusions sont faites pour être brisées...
Vous cherchiez Woody à Paris ? Ne rêvez pas : il ne s'agit que de l'ombre de son ombre imaginaire qui plane sur le film. Alice est folle du réalisateur de Annie Hall et Manhattan : pour elle, il a changé totalement sa vie. Jusque là, on veut bien y croire. Mais ensuite se proposent sous nos yeux des conversations Alice-Woodie par l'intermédiaire d'un immense poster de lui dans sa chambre. Sans se laisser convaincre par cette idée saugrenue, la tolérance nous pousse néanmoins à poursuivre l'expérience sans arrière-pensée définitive. Pourtant, les désillusions s'enchainent à un rythme effréné, ce qui est une sacrée "prouesse" considérant l'accroissement de notre ennui au fil d'un récit qui nous leurre sur sa durée, car là aussi tout n'est qu'illusion : 3 heures de film ressenties, 1 petite heure de film avérée (1h15).
Cette comédie romantique est d'un ennui tel et d'un manque d'intérêt si flagrant que l'on se demande comment Woody a pu se laisser convaincre de parler et d'apparaitre dans ce film si éloigné de son propre talent. Bruel et ses citations philosophiques à profusion, Alice et son bonheur scripté mais si mal interprété, les lignes de dialogues et le scénario qui se rejoignent dans l'indécente médiocrité de l'oeuvre, tout est fait pour éviter la moindre dose d'empathie envers les personnages. Certaines situations rocambolesques auraient dû faire rire, sans doute, mais en ce qui me concerne le sourire a pris des engelures pendant une bonne heure à force de ne jamais s'esquisser. Seule l'apparition de Woddy pour les dernières minutes relève l'intérêt de l'oeuvre. Malheureusement, l'ennui et l'interminable attente du clap de fin se sont tellement fait ressentir à cet instant que l'on a du mal à apprécier cette apparition salvatrice. Si balancer du Nietzsche tout au long d'un film en faisait un film intelligent à l'intérêt certain, les scénaristes pourraient trouver une reconversion. Bien entendu, ce n'est encore qu'une illusion. Comme ce film. Comme l'hommage à Woody. Comme cette comédie romantique. Tout n'est qu'illusion.
Il ne suffit pas d'avoir des grands du cinéma pour faire du grand cinéma.
Entre Paris et Manhattan, la distance était bien trop grande...