Avec Paris nous appartient, Jacques Rivette nous emmène à Paris à la recherche non pas du secret derrière la porte mais du secret derrière la pellicule.
Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Jean-Claude Brialy, les Cahiers du Cinéma,... Aucun doute possible, Paris nous appartient est un pur produit de la Nouvelle Vague. Au-delà des apparitions et des clins d’œils, les envies d'un cinéma nouveau se perçoivent dans les intentions de réalisation. Se juxtaposent les dialogues vraisemblables teintés d'humour aux des décors réels de la ville lumière. De ce théâtre réaliste, Gérard en est le metteur en scène. Ce personnage est la personnification du réalisateur. Accompagné de comédiens amateurs, il monte Périclès avec les moyens très restreint qu'il possède. Ce manque de fond – que Rivette a connu durant le tournage – les fera répéter la pièce à l'extérieur, usant ainsi comme seul décor leur imagination. La situation ne cessant de se dégrader, Gérard se verra proposer un contrat dans un grand théâtre parisien. Dés lors il n'aura absolument plus aucun contrôle sur son œuvre. Le producteur a la main sur le choix des comédiens et des décors : Il impose sa propre vision de la pièce. Le réalisateur est maître de son œuvre, et doit s'émanciper des codes classiques et des studios pour avoir la proposition de cinéma la plus fidèle à ce dont il avait imaginé.
L'imagination, source de notre libre arbitre et de nos rêves. Pareillement à la vision que possède Gérard sur le théâtre, aux dessins si énigmatiques de Philippe, et à ce que pense Terry sur le nerf du complot, le scénario de ce long métrage est une idée nébuleuse que nous devons imaginer. Paris est un immense labyrinthe dissimulant un secret. Dans une caméra embarquée nous visitons la ville, allant d'une adresse à une autre à la recherche de la vérité. Seuls de vifs panoramiques nous indique la position géographique des lieux avant que l'on y pénètre, notre cerveaux devant alors les relier. Dans ceux-ci, le mystère se joue dans la position des personnages dans le premier et l'arrière plan. Ces séquences, très cutté soulignant une réalisation marquée par l'hésitation des débuts, place Anne – héroïne hitchcockienne arrivant au milieu de cette histoire complexe par un enchaînement de coïncidence – en face de la caméra tandis que les buissons du labyrinthe se construisent dans son dos à coup de discussions discrètes et d'appel téléphonique. Notre cerveaux, il aurait fallu préciser aussi celui des personnages du récit. Le tourbillon imaginatif les touche tout autant. La paranoïa comprime leur crane. L'idée imperceptible du complot qui semble les étouffer les pousse à l'erreur. Terry tue Pierre en pensant qu'il était l'assassin de Gérard. Faux. Le metteur en scène s'est véritablement infligé le châtiment des artistes maudits : Le suicide. Une vision d'Anne présentera visuellement le meurtre de son frère par Terry qu'elle s'est imaginé. Dans le marasme des doutes et des peurs, cette séquence sera l'unique élément tangible au milieu de tout ces secrets.
Le Paris rivettien est une pièce de théâtre à la mise en scène tremblante d'un apprenti. Cela reste un premier essai réussi, Rivette proposant une œuvre cinématographique aux contours informes et aux propos visuellement inatteignables.