Il est amusant de constater comment chacun des films réalisés par Jaoui et écrits par elle et son accolyte (et un peu plus que ça) de toujours sont d'un démocratique assumé tant ils mettent à plat tous les codes de la scénaristique traditionnelle qui vaudrait à un personnage choisi d'être principal et par là-même mis sur le devant de l'écran. En effet, et c'est sans doute valable pour toutes les œuvres qui portent la trace littéraire des deux compères qu'il me reste encore à découvrir dans son entier, les personnages choisis semblent toujours mis sur un pied d'égalité, et nul n'en ressort réellement. En tous cas scénaristiquement.
Car le style de jeu des comédiens saura (ou non) mettre plus en valeur (et donc plus en avant) leur personnage. Dans ce gentiment anecdotique Parlez-moi de la pluie, du trio de tête (on pourrait y ajouter Pascale Arbillot et former ainsi un quatuor de tête) ne ressort pas un rôle plus que les autres, de même que dans Le Goût des Autres la série de portraits intimes et croqués avec une finesse quasi sociologique ne faisait pas ressortir un plus qu'un autre. Il y a certes ici un Jamel Debbouze trop occupé à effacer l'allure comique qu'on lui connaît et qui en devient trop grave, trop désagréable pour être parfaitement crédible, et le traitement lapidaire réservé au personnage pourtant intéressant et prometteur du mari cocu qu'interprète délicieusement Guillaume De Tonquédec à qui on ne laisse que trop peu de temps et d'espace pour s'exprimer...
Si le film prend beaucoup trop de temps à démarrer (il faut attendre réellement l'excellente séquence en campagne et la nuit désastreuse et pluvieuse qui suit pour que le comique se déclenche et l'intrigue prenne forme), quitte à progressivement nous perdre, l'humour et la finesse des dialogues, et ses toujours délicates percées de réel quotidien, qui pétillent dans la bouche de comédiens affables et touchants, nous retrouve et nous sauve de l'ennui.