Dans Parthenope, Paolo Sorrentino mêle beauté, poésie et mélancolie à travers l’histoire d’une jeune archéologue. Ce film baroque et lumineux célèbre la puissance du cinéma pour éveiller des émotions profondes et nous transporter dans l’éternité de Capri.

La mélopée de la beauté de Paolo Sorrentino

Le dernier Sorrentino, Parthenope, c’est sublime de grâce de cinéma de théâtre d’intelligence de mélancolie. Ce film nous fait toucher ce que Francis Bacon répond dans une de ses interviews à un journaliste, qui lui demande : Que cherchez-vous à transmettre dans vos œuvres ? « LA BEAUTÉ, c’est tout ce qui m’intéresse », répond Bacon.


État poétique et expérience esthétique

Parthenope est un film qui crée l’état poétique, un état où se réconcilie fêlures et frustrations, abîmes et tristesses, un état où la mélancolie vient se baigner dans le fleuve des émotions. Il faut prendre cette œuvre comme une expérience esthétique à part entière. Enchanteresse, palpitante, voguant entre la mer et les rochers de Capri, transfigurant nos humeurs, nous offrant un parfum, une aura, le spectacle pur d’un enivrement. Pas une scène de Parthenope, pas une ne cède sur la beauté.


Tout y est traversé du chant nostalgique des sirènes de Naples, tout y est vibrant d’âmes, de fantômes, d’anges, de couleurs suaves et fauves, tout y fait signe d’images de l’histoire du cinéma (Fellini pour l’ébriété de l’émotion, Tarantino pour un acteur sosie de Travolta, Godard bien sûr), tout y résonne d’une intelligence philosophique lumineuse et rédemptrice. Parthenope, c’est à la fois l’épopée d’une jeune fille (future archéologue) sur une trentaine d’années et la remémoration langoureuse et amoureuse de tous ses rites de passage lorsque doucement la jeunesse devient adulte et que les mondes s’épuisent.


Gary Oldman : désenchantement et enchantement

Le film arrive à n’être jamais cynique mais insolite et ironique, inattendu et galvanisant dans des séquences inoubliables, presque théâtrales et cathartiques dont l’une avec un prêtre-séducteur, l’autre avec une agente de cinéma masquée. C’est grandiose et farouche, drôle, somptueux, baroque et grave. Surtout toutes les scènes avec un Gary Old/man écrivain alcoolique vieillissant sont savoureuses de beauté lucide. Celles entre le professeur émérite et sa jeune élève archéologue scellent toute l’ironie jouissive impulsant sa sève joueuse et formatrice à la nostalgie de l’ensemble.


À quoi pensez-vous demande Parthenope au prêtre ? A tout le reste, répond-il. Tout le reste empreint de la coulure du temps du drame de la vie.


Pouvoir stupéfiant du cinématographe

Parthenope agit comme un sortilège. Sorrentino montre à quel point le cinéma et l’image peuvent faire des miracles, ressusciter des émotions par-delà les petites médiocrités et vanités quotidiennes, et surtout nous élever, nous faire éprouver l’universel et toucher la beauté divine.


CAPRI C’EST JAMAIS FINI !

VioletteVillard1
10

Créée

le 14 mars 2025

Critique lue 27 fois

1 j'aime

2 commentaires

Critique lue 27 fois

1
2

D'autres avis sur Parthenope

Parthenope
JuneVir
10

Ode au féminin

Dans une interview à Brut (il me semble) Paolo Sorrentino déclare qu'il a fait ce film sur un sujet qu'il ne connait pas : les femmes ! Paolo Sorrentino a un peu beaucoup menti je crois! Il connait...

le 12 févr. 2025

38 j'aime

26

Parthenope
Totallytig
2

Prétentieux et vide

Ça ne raconte rien, ci ne n’est une vague allégorie de la ville de Naples à travers l’objectification ultime d’une femme. Elle est a la fois la jeune fille parfaite et inaccessible et le stéréotype...

le 22 mai 2024

36 j'aime

3

Parthenope
Sergent_Pepper
5

Perfect gaze

Paolo Sorrentino, lorsqu’il s’agira de revenir sur sa carrière, aura au moins eu le mérite de faciliter a tâche des historiens du cinéma par une constance sans faille. Amoureux de Naples, sa ville...

le 12 mars 2025

23 j'aime

4

Du même critique

L'Attachement
VioletteVillard1
8

L'attachement: La puissance de la douceur

Carine Tardieu réussit avec L’Attachement une comédie dramatique dense en émotions et questionnements sur ce qui distingue l’amour de l’attachement, sans verser dans le mélo et en laissant toujours...

le 14 févr. 2025

20 j'aime

8

Ceux qui rougissent
VioletteVillard1
8

Ceux qui rougissent: Les Blancs de la jeunesse

Dans 8 épisodes de 11mn Julien Gaspar-Oliveri filme à bout portant avec une sensibilité effrontée et une vigueur incisive une dizaine de jeunes lycéens dans un atelier théâtre.Ce qui est remarquable...

le 2 oct. 2024

15 j'aime

Icon of French Cinema
VioletteVillard1
8

Le renversement des Icônes

Avec culot, panache, un narcissisme structurant bien tourné donc ouvert à l'autodérision et à l'ambivalence, Judith Godrèche propose son retour à Paris fictionné en série "Icon of French Cinema"...

le 24 déc. 2023

14 j'aime