Un homme, filmé de dos, gouverne le paysage qui l'entoure. Soulevant tout un amas de ferraille à la force de ses bras, rien ne semble lui résister. Il construit un domaine dans lequel il recueille femmes et enfants égarés. Pour les protéger du monde, dit-il. Les années passent et la communauté s'agrandit, tandis qu'Alexandre, 11 ans, commence à se poser des questions.
Si ce pitch est une belle idée en soi, il est vite noyé sous une narration laborieuse et lancinante. En dépit d'une angoisse toujours présente à l'image, tous les codes de ce genre cinématographique sont éculés. La figure inquiétante du mentor /gourou, incarnée par un Cassel plus qu'habitué à ce genre de rôle. Le signe annonciateur de la révolte, symbolisé par un nouveau partisan. Et l'insurrection, enfin, développée par Alexandre. Rien de nouveau sous le soleil.
Âgé tout juste de trente ans, Ariel Kleiman a été ambitieux pour son premier long-métrage. En invitant le public à s'interroger sur l'influence que les adultes peuvent avoir sur leurs descendants, le réalisateur délivre un récit existentialiste à hauteur d'enfant. Désemparé et couper d'une société qu'il ne connait pas, Alexandre possède tous les symptômes de la sectorisation. Le bien et le mal sont pout lui des notions abstraites, mais ces éléments narratifs prometteurs n'arrivent pas à trouver leur puissance à l'écran. Le scénario reste collé au papier sans vraiment prendre de forme plastique. Là où Sean Durkin avait brillamment réussi avec le fascinant Martha Marcy May Marlene, Ariel Kleiman s'est égaré.
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