Outrepassé le défaut majeur et qui transcende, sans qu'on puisse l'oublier, le film dans son entier qu'est le principe même de faire un film sur sa mère, d'imposer au monde cette vision si discutable de cette femme à la vie vraiment pas glorieuse, plongée dans un univers social vraiment pas glorieux, et de se mettre en scène, de s'accorder, en tant que réalisateur et, qui plus est, de réalisateur d'un film qui parle de soi-même plus ou moins directement, le rôle de fils prodigue, celui qui a raison, qui éduque presque sa mère, le seul à savoir maîtriser la langue française correctement, le seul à s'être arraché de cette banlieue prolétaire et étouffante d'Alsace pour rejoindre la capitale et ses promesses (qui semble lui réussir mais qu'il conseille bien à sa mère de ne pas rejoindre), le seul beau gosse dans une famille de laiderons (mettons les mots corrects sur les choses, par pitié), alors on peut trouver le film touchant mais désespérant, lumineux mais contrasté, fort en émotion contradictoires, joli portrait de femme et tranche familiale servie par une délicate mise en scène, intime et colorée, accompagnée d'une B.O. superbe.
Mais comme je l'ai dis au début de cette très (trop) longue phrase, il est difficile (voire impossible) d'oublier l'intention première du cinéaste, et le film en lui-même, plus documentaire incestueux que véritable film.