En 2003 sort le film "Osama", l'histoire d'une jeune fille qui est contrainte à se travestir en homme pour ne pas subir le joug des talibans et la dure loi de la charia et ainsi ramener un peu d'argent dans son foyer où plus aucun homme ne vit. Une grosse claque qui m'a profondément touché et même déprimé et dont j'en tire une belle phrase venant de la grand mère : "Men and women are equal. They both work equally hard. And they are equally unfortunate. A shaved man under a burqa looks like a woman."


A ce moment là, j'ai déjà vu "Parvana", mais je n'ai pas fait le rapprochement direct. Probablement troublé par la force du précédent film. Alors je redécouvre le film lors de sa sortie officielle et l'impact est toujours le même. Certes la réflexion est plus présente lorsque l'on s'intéresse longuement sur ce qu'est la charia, comment déchire t-elle les peuples, comment rabaisse t-elle les femmes. Comment Farkhunda s'est retrouvée mise à mort dans la rue par des hommes qui n'ont entendu qu'une rumeur, que des artistes de théâtre prônent la liberté, quitte à être la cible d'un attentat. Pourquoi ce régime qui pourtant va châtier les meurtriers, va faire reculer les talibans, continue de donner autant d'importance aux mollahs qui imposent cette charia que la grande majorité refuse. Même tableau en Iran, où Golshifteh Farahani se retrouve à s'exiler de son pays car elle ne voulait plus être obligé de porter le voile. Pourquoi Neda Agha Soltan, militante pour la liberté se trouve être la cible d'un sniper alors qu'elle porte le voile ? Pourquoi en Turquie, pays qui cherche à se rapprocher de l'Occident ne lutte-t-on pas contre les vieilles traditions où de jeunes filles sont mariées de force ?


Des questions qui se posent, mais un recul qui nous manque à nous occidentaux ... Mais la force de "Parvana", oeuvre poétique et unique vient de l'universalité de son message et surtout de son public. Oui, on peut parler de "ça" à des enfants, car cela arrive à des enfants. Cette intrépide fille va affronter tout ce qui provoque son incompréhension face à ce monde qui lui ôte son père. Elle se donne du courage en racontant des histoires et nous livre ce message que de l'inspiration vient la libération.


Un propos fort, un ton poétique sur fond de tableau sombre, une animation merveilleuse qui nous fait voyager et délaisse ce que peuvent dépeindre les médias sur l'Afghanistan. Un film sur la famille et la force de l'amour, sur la ténacité et l'humilité. Des valeurs qui s'adressent à tous de partout dans le monde.

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le 30 juin 2018

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Ellossan

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