You Freud, me Jane !
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Critique rédigée en avril 2019
Bavarde, insolente, rebelle, Marnie Edgar (Tippi Hedren, Les Oiseaux) est la femme fatale ultime. Vivant seule, très proche de sa mère, elle est la spécialiste des identités secrètes, lui permettant de voler ses employeurs à chaque nouvel emploi, avant de disparaître. Son comportement et sa beauté suscitent la curiosité de Mark (Sean Connery, James Bond), le dirigeant d'une société qui est persuadé de pouvoir dévoiler au grand jour le secret de cette femme. Prise la main dans le sac, Marnie sera soumise au chantage, par cet homme qui lui promet de laisser ses trafics sous silence à condition de former un couple. Elle accepte mais, fortement répugnée par la compagnie des hommes, sombre petit à petit dans une folie destructrice.
Où se cache la clé de sa douleur ?
Pas de printemps pour Marnie est l'un des thrillers les plus audacieux du Maître du suspense ; violence physique et psychologique se rencontrent
Ce film semble vite se révéler être un Psychose féminin. Dès le début, Marnie se présente en compagnie de sa mère et, si cette relation n'est pas aussi étrange que l'est celle entre Norman Bates et sa mère, Hitch nous met d'emblée sur une piste vers la résolution finale.
Pourtant, l'intrigue de Marnie va à l'encontre de celle de Psychose. Le secret de l'héroïne est ici perçu immédiatement, Marnie est femme ouverte, ne cache jamais son déplaisir et son dégoût pour autrui (surtout pour les hommes)... Contrairement à Norman Bates qui était présenté comme un homme discret, au point de ne jamais se montrer publiquement aux côtés de mother.
Avec ce film, Hitchcock nous dresse également un cinéma antiféministe comme nul autre n'a songé jusqu'alors. En effet, les deux personnages principaux inversent totalement les rôles-types que nous retrouvons dans la plupart des thrillers basés sur des couples. Ici, c'est la James Bond Girl qui est en pleine possession de l'agent secret (c'est le cas de le dire puisque Connery vient d'être propulsé au sommet de la gloire grâce à la sortie des deux premiers James Bond !), ici Mark, dont elle tombe mystiquement amoureuse.
Le comportement manipulateur du personnage féminin contraste avec sa nature fragile: elle a la phobie de la couleur rouge, du tonnerre, et est régulièrement sujet de cauchemars où elle assiste à la mort de sa mère. Dynamique, sensuelle mais souvent terrifiante, ce personnage à lui seul est capable de construire le film tant son histoire suscite interrogations et plaisirs aux yeux des spectateurs.
Hormis pour Psychose, jamais le scénario d'un Hitchcock n'a été aussi élaboré que celui de Pas de printemps pour Marnie. Un titre dont on ne peut saisir le sens que lors du retentissement de la résolution finale.
Le film n'y va pas de main morte: le twist confirmera l'idée que la femelle peut se montrer aussi barge que le mâle ! C'est en effet le meurtre accidentel du père de Marnie qui encourage Mme Edgar à se comporter comme tel vis-à-vis de sa fille. Ainsi, le printemps symboliserait l'absence de bonheur et de contact avec autrui dans la vie de ces deux dames.
Pas de printemps pour Marnie est un brillant thriller psychologique et romantique. Chaque élément scénaristique finit par trouver une justification, l'intrigue est soignée, claire et nous met en haleine dans l'attente de percer le secret de cette femme et de ceux qui l'entourent, que ce soit sa mère, ses passions ou ses peurs. Un très grand Hitchcock.
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Créée
le 18 déc. 2020
Critique lue 91 fois
2 j'aime
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