Jim Preston se réveille à bord du vaisseau spatial Avalon, après un sommeil cryogénique de cent-vingt ans, date séparant la Terre, devenue inhospitalière, d'une colonie utopique. Une fois passés les stades de remise en forme, il découvre avec horreur que son module, défaillant suite une collision dans un champ d'astéroïdes, l'a libéré quatre-vingt-dix ans trop tôt. Une année passe, où Jim, seul dans le starship, envisage le pire. Jusqu'à ce qu'il passe devant le module d'Aurora, une jeune femme dont il tombe amoureux après écoute de ses documents audio. Jim, mécanicien de formation, se pose alors l'ultime question: est-il prêt à sacrifier une autre vie pour "sauver" la sienne?


Point de départ ultra frais pour cette bande de SF qui, à partir d'un scénario longtemps resté bloqué dans les limbes du development hell mais unanimement considéré comme l'un des meilleurs écrits récemment, accouche d'un film formidablement mis en scène, musicalement et visuellement superbe, et porté par un trio d'acteurs fabuleux: Chris Pratt abandonne son statut de comique hérité de son passage chez Marvel pour une prestation toute en nuance, Jennifer Lawrence est à la fois touchante et sublime, et Michael Sheen rayonne dans le rôle d'un androïde barman, unique contact d'un Jim livré aux vides de l'Espace et de l'Avalon.


Loin du space opera, et même du survival façon Sunshine (malgré un troisième acte plus porté sur l'action), ce Passengers prend des airs de romance in space, crédible et humaine, ne sacrifiant jamais ses personnages au milieu de décors grandiloquents et d'une représentation magnifique des étendues infinies spatiales.


Jouant constamment sur le vide intérieur et extérieur, sur une errance qui ne blase jamais le spectateur, ce Passengers est une perle de SF, gagnant l'adhésion sur tous ses tableaux. Tout au plus peut-on lui reprocher quelques facilités (le "quatrième" personnage du film, le sort d'un des héros), ainsi que le climax assez discutable sur le plan éthique.


(accepter de vivre leur vie à bord du vaisseau, et de fait, gaspiller une soixantaine d'années d'oxygène et de bouffe à la base calculés pour un réveil sans faille des cinq mille colons, les condamnant logiquement à une mort certaine?)


Il est en tous cas conseillé de s'affranchir de la polémique lancée par les mouvements féministes américains à la sortie du film (et sans doute responsable de son flop en salles), considérant le second acte comme une apologie du viol et du meurtre, sans doute appuyée par une réplique statuant sur l'état psychique de son personnage, mais récupérée hors contexte pour emmerder le monde. Ce serait entacher un tableau idyllique trop rare pour être évité.


Regarder Passengers, c'est comme assister à une belle romance dans un cadre que rien ne peut altérer, une belle histoire qu'il serait criminel de louper.

Henn_Raph
9
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le 22 janv. 2018

Critique lue 209 fois

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