Après la sortie d'Imitation Game qui avait fait l'unanimité, l'annonce d'un projet de science-fiction réalisé par Morten Tyldum et mettant en scène Chris Pratt et Jennifer Lawrence, deux acteurs du moment, était tentant ! Mais douche froide : peu avant sa sortie, le long-métrage obtient seulement 31% d'avis positifs sur Rotten Tomatoes et une note de 41/100 sur Metacritic, des scores très faibles par rapport aux attentes. Que vaut donc réellement Passengers ? Ce massacre dans la presse américaine était-il totalement justifié ?
Attention cette critique comporte de nombreux spoilers !
Jennifer Lawrence et Chris Pratt réunis dans un même film, c'était une idée GÉ-NIALE ! Inutile de revenir sur leur prestation, on le sait que ce sont de bons acteurs (surtout Lawrence dans ce film) ; ce qui est le plus intéressant c'est plutôt l'alchimie entre les deux comédiens. Des acteurs peuvent très bien jouer individuellement mais si dans un film romantique il n'y a pas de résultat convaincant entre les jeux d'acteurs de deux comédiens, ça ne sert à rien... bah là le duo est super ! Grâce à leur travail, Pratt et Lawrence ont de plus rendus leurs personnages très attachants, ce qui relève du miracle quand on voit comment Jim et Aurora ont été écrits et de l'étrange façon dont évolue leur relation. En effet les protagonistes ne sont pas du tout développés : pour Aurora, on sait juste qu'elle est écrivaine comme son père qui est mort quand elle était ado et qu'elle est parti de la Terre car elle était malheureuse -possiblement à cause de son passé amoureux- ; pour Jim c'est pire puisqu'on sait seulement que c'est un ingénieur qui a pris part à cette aventure pour se sentir utile. Bref, c'est insuffisant tout ça ! Bref, le personnages ne sont pas à la hauteur de leurs très bons interprètes.
Le scénario en plus d'être beaucoup trop simple et super prévisible (ce qui est d'ailleurs une conséquence de cette simplicité), il n'est pas très logique en ce qui concerne la relation entre les deux personnages : c'est un film de science-fiction romantique mais... où est l'amour ? Le choix d'Aurora de se priver d'une existence normale, de se laisser mourir de vieillesse pour finir sa vie avec un homme qui l'a réveillé par égoïsme, la condamnant à une mort certaine et qui en plus de lui avoir caché la vérité ne s'est pas privé de profiter de son ignorance en couchant avec elle et en la faisant tomber amoureuse... Rester amoureuse après toutes ces épreuves et cela et au point de gâcher sa vie, c'est malsain, c'est limite symptomatique du syndrome de Stockholm ! Bref, La Belle au Bois Dormant est un peu cinglée de ne pas vouloir retourner dormir ! Et le fait que Jim tombe sous le charme d'Aurora, considérant que c'est la femme de sa vie sans jamais ne l'avoir rencontré est certes compréhensible après un an de solitude mais c'est pas de l'amour, c'est plutôt de l’obsession ! Bref, une histoire d'amour très très très étrange. Ce qui aurait été inattendu, ça aurait été que Jim, après avoir hésité à se suicider et s'être réfugié dans la boisson, ait inventé, imaginé le personnage d'Aurora pour ne plus se sentir seul... ça aurait été original d'une part, moins prévisible (un bon twist) et un peu plus crédible d'autre part. C'est dommage car l'idée de départ était cool, intéressante même, mais elle ne se développe pas si bien que ça.
Puisque le côté romantique du film ne fonctionne qu'à moitié, on aurait pu croire que Passengers se rattrape sur ses scènes d'action qui sont compilées dans la bande annonce. Elles sont bonnes mais se font trop rares et sont trop rapides lorsqu'elles interviennent. D'ailleurs pour ce qui est du rythme, on a effectivement des scènes trop courtes qui se passent trop vite alors que d'autres scènes sont trop lentes, notamment avec des dialogues un peu longs. Concernant l'émotion, le seule moment dramatique qui a réussi à me toucher est la mort du commandant de l'Avalon, incarné par l'acteur Laurence Fishburne. Le sentiment que les personnages sont pris au piège crée certes une certaine atmosphère mais j'aurais aimé que le film mette un peu plus mal à l'aise par rapport à ça, c'est un bon huis clos mais pas non plus "claustrophobique". Malgré ce manque de d'intensité, je ne me suis pas du tout ennuyé, le film est plutôt divertissant, les différentes péripéties que vivent les personnages savent tenir en haleine.
Malgré les avis négatifs, Passengers a quand même obtenu deux nominations aux Oscars, et même s'il s'agit "que" de nominations techniques, c'est déjà pas mal ! La première nomination c'était pour les décors qui nous offrent un esthétisme à la fois élégant et futuriste à tel point que si dans 100 ans il y avait des missions de colonisation spatiale à grande échelle, on pourrait croire que l'intérieur des vaisseaux ressemblerait à celui de l'Avalon ! Cette direction artistique bien maîtrisée (même si elle est parfois un peu vide à mon goût) est complétée par des effets spéciaux réalistes et par conséquent agréables pour les yeux. La seconde nomination concernait la musique composée par Thomas Newman. Elle est bonne, c'est à dire que les titres sont agréables à écouter et qu'ils sont utilisés au bon moment dans le film (bon montage sonore).
Passengers avec son scénario simple et sans suspens, ses problèmes de rythme et sa conception particulière de l'amour exprimée à travers des personnages attachants mais sous exploités est bien un pétard mouillé. Cependant, on est quand même loin, bien loin du navet annoncé par les critiques, c'est en effet un bon divertissement, beau visuellement et avec de très bons acteurs. J'ajouterais que j'aurais peut être mis un 7/10 si la fin du film n'était pas aussi ridicule.