Plutôt desservi par une première demi-heure totalement insipide du fait d'un complet désintéressement de ses personnages lors de la phase d'exposition nécessaire aux bases de son histoire, Passion avait tout pour inquiéter. Après Femme Fatale et Le Dahlia Noir où De Palma verse tour à tour dans deux excès opposés (l'oubli de raconter une histoire au profit d'un exercice de style, puis son inverse), il est en effet de bon ton depuis maintenant une décennie de mesurer son enthousiasme à l'annonce d'un nouveau projet du réalisateur. Le naufrage n'a heureusement ici pas eu lieu.
Suite à ses débuts difficiles, le métrage bascule totalement lors d'une scène révélatrice de la perversion du personnage de Rachel McAdams, et devient tout autre chose. Plus maitrisé et cinématographique, il récite bon nombre de traits du cinéma de De Palma, et s'attarde particulièrement sur l'un d'entre eux, Pulsions, jusqu'à en mimer certains traits esthétiques. En vient alors un appui certain sur ses personnages qui permet enfin à ses actrices de s'exprimer. Si dans cet exercice Noomi Rapace se met particulièrement en valeur, il en est de même pour Rachel McAdams qui malgré un personnage plus effacé (bien que majeur) arrive à voler la vedette à plusieurs reprises.
Malheureusement, et il s'agit peut-être de son défaut majeur, à force de citations et de gimmicks, et même s'il s'agit de la meilleure production de son réalisateur depuis très longtemps, Passion peine à marquer. On se contentera donc ici de s'enthousiasmer du réel retour de son auteur.