Qu'il est bon de s'abandonner à la Passion selon Brian De Palma...
Je n'ai pas vu le film de Corneau dont il est le remake... mais sachant que c'est justement le brio du réalisateur de Pulsions qui subjugue cette version, la comparaison doit s'arrêter au sujet et non à son traitement.
Christine, la blonde, est la directrice à poigne d'une boîte de pub... Un brin adepte de SM et mystérieuse, elle est très proche d'Isabelle, la brune, sa très talentueuse collaboratrice. Le jour où la première s'approprie l'idée de la seconde pour en récolter les lauriers, les rapports entre les deux femmes vont s'envenimer et le film va nous faire vaciller avec elles...
Après une première partie sans grands éclats, dans laquelle la musique est presque trop présente et où la mise en scène semble simpliste, on craint la déception... malgré tout, on suit et on apprécie les rapports vachards et les regards vénéneux que s'échangent les deux créatures : sublimes Rachel McAdams et Noomi Rapace dont les physiques si complémentaires s'associent à merveille.
Rapidement, on sent qu'il se passe quelque chose, on oublie les incongruités (souvent énormes) qui ornent le film. De toute façon, il est clair que le but du réalisateur n'est pas tant de nous raconter une histoire que de jouer avec le spectateur, nous interroger sur ce que l'on voit, ce qui est vrai ou de l'ordre du songe...
Quant LA scène centrale du film arrive, sublime passage au split-screen emblématique du réalisateur, scène de meurtre d'anthologie qui convoque le cinéma d'Argento et de De Palma lui-même, le film bascule dans une sorte de songe vénéneux, l'intrigue nous happe, les personnages secondaires prennent de l'ampleur, la lumière devient tamisée et la musique de Pino Donnagio (déjà collaborateur du cinéaste sur Carrie, Body Double ou Blow Out...) se marie aux images à la perfection.
Bien qu'il ne soit pas exempt d'imperfections, Passion, qui dans sa façon de confronter deux femmes sublimes et de nous balader entre songe et réalité m'a fait penser par moment au chef d'œuvre d'Aronofsky, Black Swan, confirme que le vieux Brian en a encore sous la semelle et peut encore nous surprendre...