A l'instar de Dario Argento, autre cinéaste partageant les mêmes obsessions, Brian De Palma semble prendre un malin plaisir à saborder sa propre carrière, chacun de ses films depuis au moins "Mission to Mars" enfonçant un peu plus les clous du cercueil contenant la dépouille de son talent.
N'ayant pas vu le film original de Alain Corneau dont est tiré ce film, je ne sais si tout cela est fidèle ou pas à la vision d'origine, toujours est-il que ça pique les yeux et pas qu'un peu. Comme prisonnier de son univers et de son génie passé, De Palma patauge complètement dans la semoule et fait absolument n'importe quoi, tentant d'instaurer une ambiance trouble et ambigüe mais ne parvenant au final qu'à livrer une pâle caricature de "Basic instinct", le spectateur, paumé et cherchant vainement une sortie de secours, assistant à une sorte de téléfilm au rabais à l'érotisme de pacotille et aux effusions sanguines inexistantes.
Eclairé comme un téléfilm allemand et sombrant chaque fois dans le ridicule, "Passion", thriller mou et faussement tortueux, ne bénéficie même pas d'une mise en scène correcte, le cinéaste de "Scarface" multipliant le champ / contrechamp ou balançant du plan de traviole afin d'illustrer pompeusement la psyché de l'héroïne, ni d'une distribution à la hauteur, le duo Noomi Rapace / Rachel McAdams paraissant totalement à l'ouest du début à la fin, sans oublier la partition fumeuse de Pino Donaggio, bien loin des grandes heures du maestro.
Projet sentant le pâté dès sa mise en chantier, "Passion" est donc bel et bien un véritable incident industriel, prouvant malheureusement qu'un cinéaste jouissant d'une liberté totale, aussi doué soit-il, peut-être parfois son pire ennemi.