Une femme raconte son histoire à un homme aux airs de professeur (qui est-il ? Tanizaki lui-même ?) : Sonoko, c'est d'elle qu'il s'agit (Kyoko Kishida, La Femme des Sables) tombe raide dingue amoureuse de Mitsuko (Ayako Wakao, jolie coupe de cheveux), belle manipulatrice qui l’entrainera au bord du précipice. Masumura remet ça, a savoir une femme qui par sa beauté subjugue son entourage et l’entraine vers sa perte. “Comment est-ce possible d’avoir un corps aussi superbe ? Pourquoi m’avoir caché si longtemps cette pure merveille ? C’est trop ! J’ai envie de te tuer !” s’exclame Sonoko après avoir prié Mitsuko de se déshabiller. Évidemment, il n’est jamais clair si Mitsuko est bourreau ou victime, les deux sans doute. Masumura n’a cure d’ancrer son récit dans un quelconque réalisme, le film est tissé de l’obsession du réalisateur pour le corps féminin, dépositaire de la plus grande beauté qui soit et source des plus grands tourments. Ayako Wakao est comme d’habitude impériale, notre regard scrute chaque courbe de son anatomie (quelle nuque, quelles épaules !), Kyoko Kishida, par contraste, est toute en bouche, grands yeux et extrême sensibilité. Le film est un écrin pour les deux actrices. Comme Sonoko devant sa maîtresse, on s’écrit qu’il est scandaleux de faire des films aussi beaux.