Une jeune femme délaissée par son mari avocat va prendre des cours de dessin afin de pallier à son absence, et elle va être subjuguée par une des modèles. Au point qu'une liaison va naitre entre les deux femmes.
Flirtant toujours avec l'interdit et le sacré, quoiqu'il y ait des plans d'un érotisme fulgurant, Passion suggère bien ce qu'on va vivre, quelque chose de fort, qui semble sortir ces femmes de l'ennui. L'amante est incarnée par la sublime Ayako Wakao, et la femme délaissée par Kyoko Nishida, et il y a comme une complémentarité entre les deux actrices, une forme de gémellité dont se sert le réalisateur, car on sent que c'est un film extrêmement composé. Peut-être trop d'ailleurs par moments, mais le résultat est de toute beauté.
Il y a un autre thème qui revient dans le film, qu'on voit sur la plupart des affiches, la présence de la svastika. Ici vue de manière négative, mais en Asie, c'est un symbole religieux très fort qu'on pourrait assimiler ici à un renouveau. Mais le réalisateur joue plutôt ici l'art de la suggestion, où tout amour homosexuel est largement flouté, mais ça se devine assez vite. On voit aussi l'origine littéraire avec cette voix off permanente, mais en dépit de ses nombreuses qualités, dont une fin qui ose le radical, je n'ai pas été aussi emporté que d'autres films de Masumura, dont le formidable L'ange rouge deux ans plus tard, toujours avec Ayako Wakao (une de ses actrices fétiches).