Cinq ans plus tôt, Redacted donnait déjà dans le budget spartiate sans qu'on sache si c'était voulu ou subi. Mais à l'époque, le talent de DePalma palliait la disette. A l'arrivée, on ne sait pas vraiment si c'est lui qui tourna le dos à Hollywood ou l'inverse, mais le fait est que Passion n'est pas un film américain.
On aurait presque pu se réjouir de voir DePalma tourner dans nos contrées. Sauf que malheureusement, cette production franco-allemande est un ratage qui sent le budget sous-dimensionné. Sur le papier, Passion a d'emblée des allures d'entreprise vouée à l'échec, vu qu'il est le remake de Crime d'amour d'Alain Corneau qui n'avait pas vraiment été salué comme le film de l'année à sa sortie... Le projet a beau permettre à DePalma de mettre à nouveau en scène ses petites obsessions, c'était malgré tout une drôle d'idée de se lancer dans pareille entreprise.
Côté technique, le grain de la photo accuse terriblement le coup du numérique, et la photo très laide donne à l'ensemble des allures de téléfilm. De surcroit, dès les premières minutes, on sent que rien ne va aller. Les situations sont affreusement bancales, le ton n'y est pas, et toute personne qui a un jour travaillé dans la publicité se rendra compte illico que le monde de l'entreprise relève ici du fantasme.
On sent que le scénario cherche à aller quelque part. Mais on a l'impression qu'il manque 30 minutes et que DePalma a oublié de tourner une bonne dizaine de scènes. A l'arrivée, c'est très largement un mauvais film. Mais ce n'est pas hilarant comme les autres ratages gaguesque de DePalma, façon L'esprit de Caïn. Ici, on a l'impression qu'il essaye, sans y arriver. Et bizarrement, il y a bien trop de trucs qui clochent pour qu'on puisse clairement dire les raisons qui, en particulier, expliquent le ratage.