Quantième Art
Dans la veine des films géorgiens ruraux, celui-ci ne fait pas exception de style, mais il sait semer la confusion dans ses décors bucoliques monochromes. Il date de 1975, mais on a presque envie d'inverser les deux derniers chiffres avec le visionnage. Le retard technique dont le régime soviétique fait souffrir cette œuvre fait passer les éléments qu'elle dépeint pour très modernes de manière relative, et l'on s'étonnera ainsi de voir des tourne-disques ou des redoutablement efficaces tracteurs à chenilles.
Oui, la chose annonce bien les couleurs : noir et blanc, blason en l'occurrence d'un documentaire sans scénario et bridé par des méconnaisseurs de l'art, qui par insouciance laissent aussi passer, toutefois, ce qui rend Pastorali fort : la spontanéité des acteurs (ce qui est cette fois très fidèle à son temps) et un tournage honorable en conditions réelles, de quoi moudre un grain plein de l'ivraie de l'ennui mais de quoi pétrir le résultat d'honnêteté dans le ton comme dans la manière. On croirait vraiment y être, dans les orages estivaux des campagnes caucasiennes.