S’il est bien un réalisateur à qui devait revenir la mise en scène de cette chanson de geste poétique et désenchantée, portrait de deux figures mythiques de la légende du Far West, s’est évidemment Sam Peckinpah.
Plusieurs fois adaptée à l’écran par des réalisateurs de choix, et pas des moindres, puisqu’il s’agit de King Vidor, Arthur Penn et dans une moindre mesure le producteur extravagant Howard Hughes, l’histoire de William Bonney, surnommé le kid et de son comparse puis traqueur le shérif Patrick Floyd Jarvis Garrett, était taillée pour ce conteur merveilleux, chantre d’une imagerie élégiaque violente du vieil ouest désenchanté.
On retrouve dans ce magnifique chant du cygne crépusculaire, son goût pour les envolées lyriques induites par une imagerie réaliste et sans illusions du devenir des héros, qu’il dépeint comme des antihéros fatigués qui tronquent les duels et n’hésitent pas à tirer dans le dos, dans un paysage à l’horizon démesuré vers lequel ils finissent toujours par aller pour disparaître du champs des illusions.
Souvent fustigé par une certaine critique à œillère comme un fossoyeur du genre, celui qui trahit les hymnes au grands espaces et de la réunification du peuple sous l’égide de la loi du colt, que fut le western, « bloody » Sam en demeure aujourd’hui dans toute bonne conscience cinéphile, l’un des plus grands illustrateurs aux côté de John Ford, le père de cet Ouest mystifié et de Sergio Léone, son pendant latin onirique, du mythe western.
Au rythme d’une bande-son magnétique, alimentée par des ballades folk du meilleur acabit, donnant de l’altitude à cette magnifique ode désenchantée, signée Robert Zimmerman, encore un Alias, c’est d’ailleurs le nom que le chanteur porte dans un rôle de desperado spécialiste du lancer de couteau, la force de Pat Garrett & Billy le Kid réside dans cette espèce de mélancolie désenchantée du devenir du héros dans un paysage poussiéreux illustré par les cactus et les serpents à sonnette, ces figures tronquée de pistoléros crasseux à la détente facile et son horizon sans limite, magnifique ode à l’espace Fordien.
N’omettant jamais de magnifier son propos par quelques figures de style et des pauses d’un lyrisme admirable, la scène de la vieille femme au fusil qui regarde mourir son époux assis près d’une rivière dans un magnifique coucher de soleil est un très grand moment de cinéma crépusculaire, Peckinpah réussit l’un des plus beaux westerns jamais réalisé.