De la thérapie Lindonnienne.

Pater fait partie des films qu'on ne peut détester parce qu'ils sont simplement intelligents et intéressants mais en même temps, ils font partie des films qui font consensus et devant lesquels il est difficile de dire qu'on s'est ennuyé sans qu'on nous rétorque qu'on n'a rien compris du tout ! Mais moi je vous le dis, je suis face à un immense paradoxe, d'un côté j'ai trouvé ce petit ovni brillant, plein d'humour, d'intelligence et de réflexions pertinentes. Mais je me suis rudement ennuyée en même temps.

Le réalfiction est globalement assez bavard, j'ai souvent été perdue et ne me suis accrochée qu'à ce rire ou sourire souvent présent chez Lindon qui avait du mal à rester sérieux durant les scènes de "fiction". Bien sûr tout ce qui parait anodin comme choisir une cravate, détailler les repas ou encore raconter une rencontre (moment assez hilarant) avec le propriétaire d'un immeuble, se révèle foisonnant de réflexions mais il n'empêche pas que la forme ne m'a pas totalement convaincue. J'ai été souvent très extérieure et n'ai pas du tout accroché avec ce procédé bien que des qualités se révèlent à moi. Bon, toutes ces phrases compliquées pour dire que j'aime bien quand l'art transgresse, transforme la réalité.

Le côté brut de ce film m'a surement trop dérangé et son propos s'est finalement noyé dans les mots. Reste que j'ai encore découvert cet homme qui montre bien une chose de la plus belle des façons, l'art qu'il parle de politique, de la vie, de tout et n'importe quoi, aide à nous enlever un poids, il transcende, à l'image de cet immense acteur qu'est Lindon qui de la fiction à la réalité nous apparaît avec tous ses tics et ses tocs qui envahissent son corps, son visage, son être entier. Comme lui, j'ai besoin de la fiction pour me sauver de la vie et apparaître enfin transformée, changée, admirablement aidée par cette thérapie magnifique qu'est l'art. or, ici je me suis constamment trouvée entre deux ponts, ni tout à fait malade, ni tout à fait sauvée. J'aurais aimé plus de beauté peut-être et moins de mots.

Cette confession à mots ouverts, ce face à face entre deux hommes ne m'a donc convaincue que d'une chose, ce besoin d'art que toute vie ressent pour s'évader un peu ... Pour qu'on finisse par voir à quel point, comme Lindon en prend conscience dans les dernières minutes du "film", la fiction dépasse toujours la réalité, faisant de la politique comme du cinéma, un jeu où l'on se prend toujours pour quelqu'un d'autre quitte à se perdre pour l'un, où à se trouver pour le second ... De l'art vous dis-je !
eloch

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