Tout d'abord, il convient de préciser que je ne suis en aucun cas hermétique à la nouveauté, l'originalité, le cinéma indépendant ou encore les films "lents".

Certes, Pater n'est pas un film ayant pour objectif de décrire la vie politique sous la Ve République. Néanmoins, dès lors qu'il traite la relation entre un Président et son Premier ministre, on est légitimement en droit de penser qu'il s'agit d'un film politique. C'est d'ailleurs tout le problème...

En effet, l'histoire politique exposée est relativement simple : Vincent Lindon est nommé Premier ministre par Alain Cavalier lui-même Président de la République. Vincent Lindon est un ancien chef d'entreprise qui a instauré au sein de sa société une régulation des salaires. C'est donc dans le but d'adopter une loi similaire que ce dernier est nommé. Le gros problème de Pater est que les idées exposées dans le film ne sont pas simplement des prétextes. Le film bascule alors dans la démagogie : la jeunesse ne cherche qu'à gagner de l'argent et est ultra individualiste, tous les sportifs sont dopés, l'argent corrompt tout, etc. Si la loi ne passe pas, c'est parce que les gens ne comprennent pas et sont incapables de réfléchir au-delà de leur propre situation... Bref, c'est tout bonnement indigeste.

Le cœur du film se situe davantage dans la relation de domination entre Alain Cavalier et Vincent Lindon que dans une critique de la situation politique actuelle mais si on ne se sent pas capable de traiter intelligemment un sujet, on en choisit un autre...

S'agissant de la réalisation technique, Lindon et Cavalier se filment tour à tour. C'est plutôt original et cela permet de montrer la véritable force du cinéma : représenter dans un appartement parisien, avec un costume à 400 euros, un sujet déterminé : ici, la vie politique. Pater serait donc une démonstration de l'incroyable faculté du cinéma de nous faire croire en une fiction avec très peu de moyens techniques. Pour autant, ici, cela ne fonctionne pas non plus. A aucun moment les personnages sont vraiment crédibles. Pire encore, apparaît dans le même temps le second défaut de ce film : la vanité.

En effet, Alain Cavalier semble très fier de son débit de parole très lent et assuré mais ses propos sont sans grand intérêt. De la même façon, les colères de Vincent Lindon sont risibles tant elles sont peu crédibles. A l'inverse, ses rires ne sont pas communicatifs non plus tant ils reflètent sa suffisance...

Bilan : 2 (et pas 1) parce que l'expérimentation et la nouveauté doivent être encouragées. Avec un peu moins d'assurance, d'autosatisfaction et davantage de réflexion, ce film aurait pu être d'une toute autre grandeur.
Kevin_R
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le 29 nov. 2014

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