Le film que propose Alain Cavalier est très enthousiasmant. C'est une alternative remarquable aux formes habituelles du cinéma et une appropriation perspicace des techniques numériques. Alain Cavalier a participé ces dernières années à rien de moins qu'une évolution du « langage cinématographique ». Ses films précédents (« Le Filmeur », « Irène »), très introspectifs, étaient des expérimentations, de la recherche. Certes le sujet importait, mais il restait nettement secondaire à mon sens.

Avec « Pater », Alain Cavalier cherche à appliquer ses recherches précédentes. Naturellement, le récit se complexifie et le cinéaste devient visible. L'une des leçons acquises, c'est la proximité accrue du cinéaste avec ce qu'il filme. Proximité qui vire à l'intimité (voire à "l'incestuosité"). Il n'y a donc plus d'intermédiaire : plus de scénario, plus de chef opérateur, même plus de "Ça tourne !" (« Vous dites "ça tourne" alors que plus rien ne tourne dans vos caméras [bande de cons !] » JLG).

Le propos du film serait donc d'essayer de penser une question politique. Et là, il faut reconnaître que c'est un échec. Passé la première heure, le film se répète, n'avance pas. La question de départ est sans-cesse posée, jamais réfléchie. Alors Cavalier se réfugie dans ce qu'il sait très bien faire : l'intime, le journal. Il filme Vincent Lindon, il parle de son père, de lui. Bref, on reste un peu sur sa faim.

Ce lourd dispositif (quasi nul matériellement parlant, mais esthétiquement très riche) ne finit pas par porter ses fruits. Le cinéma qu'a inventé Cavalier est un cinéma introspectif. Il devrait à ce titre pouvoir l'être tant sur sa petite personne que sur des questions beaucoup plus larges (politiques, morales, sociales, etc.). Mais ce ne sera malheureusement pas pour cette fois... J'ai hâte de voir le suivant !
Homlett
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le 4 juin 2011

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