Paterson, la ville, le personnage, le livre, le film.


Paterson, dans tous les cas, c'est un poème.
Un poème ouvert au monde, un truc tellement accessible que c'en est déstabilisant. La simplicité même, la boucle du quotidien qui tourne, se répète inlassablement. Et seule la poésie, ou plutôt l'art en général, pour la briser, la sauver. Même en miette, éparpillée par un chien mal intentionné, elle est présente. Dans ce film Jim Jarmusch filme la beauté du quotidien, le rend puissant, émouvant. Poésie du quotidien.
Celle des discussions attrapées au vol dans un bus, celles des motifs noirs et blancs qui envahissent une maison comme une autre, dans un quartier comme un autre.
La répétition est au début dure à comprendre et à apprécier. On se dit qu'une semaine ainsi va être longue, et on a peur de s'endormir.
Mais par la beauté de son image (et au final de ce qu'il filme), par celle de la bande originale superbe, Jarmusch crée un je-ne-sais-quoi qui nous emporte et nous émeut.
Tout semble beau, simple.
C'est simple.
On y rigole simplement (la scène de la tarte au choux et cheddar), on s'y inquiète simplement (la scène de la panne du bus), on s'y émeut sans violence (l'épisode du chien et du cahier). On croise des bouilles, auxquelles on s'attache.


Celles du couple sont magnifiques.
Golshifteh Farahani, belle comme à son habitude, incarne étonnement bien son rôle (si bien écrit et si bien filmé, avec tendresse et pudeur) de femme au foyer multipliant les rêves et les rôles pour émerveiller sa vie.
Et sur le visage d' Adam Driver passent un milliard d'émotions confondues, qui souvent se concluent par un sourire tendre. Je n'avais jamais vraiment sur apprécier son jeu dans ses autres films. Mais il est merveilleux dans celui-là, délicat et sensible.


Paterson c'est la simplicité du quotidien et des émotions mêlées à la froideur d'un quotidien morne. Paterson c'est un monde désamorcé de toutes sa violence, ravalée, parodiée (les gangsta sont ceux qui mettent en garde le héros contre l'enlèvement probable de son chien, les suicidaires font ça avec des pistolets pour enfant...).
Paterson c'est des motifs perturbants et obsédant (la gémellité, les boules de feu, les cascades, les motifs en noir et blanc...)
Paterson c'est aussi un rôle solide donné à un chien (et c'est chose assez rare pour être soulignée).
Paterson c'est la poésie du quotidien, la beauté de tous les jours faite film et célébrée.


Mais aussi et surtout, Paterson c'est un film qui fonctionne sans qu'on ne sache trop comment ni pourquoi.
Un film dans lequel on a envie de se lover.

Charles_Dubois
8
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le 5 janv. 2017

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Charles Dubois

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