La croisade de Paulina est d'une cohérence assez discutée. Certains considèrent que son choix de ne pas porter plainte contre les malfaiteurs identifiés exclue au final les classes défavorisées du village du régime démocratique régie par le contrat social. D'autre part, le féminisme du personnage serait contredit par son souhait de garder l'enfant conçu dans le crime. J'aurais tendance à penser qu'il faut se tenir à une lecture métaphorique, et non rationnelle au premier degré. Paulina recherche l'affranchissement général en tant que femme face à un monde patriarcal (figure évidente du juge de père, policier suspicieux lors de l'interrogatoire, jeunes hommes d'une misogyne écrasante...) et face à une justice de classes inique. Le choix de ne pas avorter (sacrifice de son corps au nom de sa cause: cf. "...laisse-le te gifler aussi sur la joue gauche..." issu des Evangiles), rejoint son souhait de dialoguer avec l'agresseur. Elle agit dans une dynamique de justice utopique, pensée comme seule garante du progrès démocratique. Il n'empêche que le scénario coince un peu et qu'il manque un peu de rigueur, de clarté. Quant au découpage, il est assez original avec ses flash-backs répétés depuis le point de vue des délinquants. Mitigé, après réflexion.
5,5/10