La plage où Pauline passe des vacances aux côtés de la belle Marion (Arielle Dombasle) recouvre un sens plus large que le laisse supposer la simplicité du film. La plage est moins un lieu qu'une scène, où Pauline, successivement spectatrice et protagoniste, assiste au spectacle des jeux de l'amour, en fait l'apprentissage.
L'innocente bluette de vacances à laquelle s'adonne l'adolescente avec le jeune Sylvain contraste ironiquement avec les moeurs sentimentales et les pratiques des adultes. A travers la liaison de sa cousine Marion avec Henri, Pauline découvre des formes compliquées et viciées de l'amour. L'infidélité et les mensonges, de nature à tirer le marivaudage vers un espiègle vaudeville, l'idéalisme un peu vain de Marion, l'exigence et la perfidie d'un prétendant éconduit contribuent à donner un reflet désenchanteur et tout autre que romantique au sentiment amoureux. En dépit de l'apparence du raisonnement, les discours, à ce sujet, sont théoriques et spécieux.
Littéraire et ludique, la comédie d'Eric Rohmer est tout autant un divertissement modeste par sa forme qu'une leçon de choses, qu'une étude de moeurs riche et pleine d'acuité, dans laquelle, s'attachant à "démythifier" le sentiment amoureux, elle en extrait simultanément l'essence et la diversité.
Les personnages, quoique s'exprimant à la façon de toujours de Rohmer, pas forcément naturelle, sont convaincants et attachants. A l'image des interprètes.