Lanthimos prétend célébrer la monstruosité des reclus ainsi que l'avènement d'un nouvel ordre féministe à une époque les femmes n'avaient pas (ou plus que rarement) droit de citée dans la vie sociale du foyer mondiovision. Le prétexte est alors tout trouvé pour fabriquer une pompeuse allégorie à la docteur Dafoe et Miss Stone, ou la créature Frankensteinnienne humaniserait son géniteur pour mieux siderer la phalocratie réactionnaire de la Belle Époque Victorienne.
Il faudra pour cela supporter l'hideux maniérisme philosophique d'un grec qui veut s'ériger en digne successeur Platonicien, sans aucune suite dans les idées (un tantinet fâcheux lorsqu'on possède un ego si surdimensionne). Nous aurons donc droit au cynique jeune Lord de sa Majesté pour qui la nature humaine dérive naturellement de sa putricite originelle, protecteur de la naïve orpheline complètement Stone. D'une catin qui prône le socialisme constructiviste Leniniste entre trois partouzes et quelques séances de saphisme lesbien assez peu excitantes. D'un homme de science cartésien et de son revers hédoniste pour qui le quotidien n'est que jouissance sardonique, manière de rappeler s'il en était besoin à la pauvre compagne eplorée que sa revendication progressiste ne peut se compléter qu'en leur présence émancipatrice. Et ce ne sont la que quelques exemples parmi d'autres de la démonstration soporifique d'un démiurge qui se voudrait moraliste par son obscénité visuelle, alors que son cinéma ne fait que regurgiter son obsession de la vertu comme valeur cardinale de sa mise en scène.
Je vous épargne volontairement les effets stroboscopiques qui enferment sournoisement ses personnages dans des postures grandiloquentes, les couleurs criardes qui objectifient les intentions métaphysiques des situations vécues par ceux-ci ou le soyeux colorimétrique du noir et blanc vintage pour surligner les états d'âme généraux et autres joyeusetés du genre.
Sachez également que Lanthimos se dévoue corps et âme pour vous faire jubilatoirement bander comme de fiers chevaux de courses, n'hésitant pas pour cela à tester chez son casting trois étoiles leur plasticité. La Bovary du pauvre s'encanaille très aisément de son agilité sexuelle prédatrice, tandis que ses cavaliers montent avec force essoufflement cette sauvage monture attrophiee. N'y voyez la aucun sexisme, L'Appolon Heleniste en serait fort contrit (mais pas nécessairement contrarié, petit filou excessivement voyeuriste qu'il est). Vous en voulez encore? Soyez en fort à l'aise, goûtez donc ces cadavres sanguinolents evisceres et servez-vous librement de ces organes génitaux forts bien membres, touchez fort aisément ces visages putrides et ces cœurs decharnes.
Ceci n'est qu'un minuscule échantillon de cet énorme europudding de près de 140 minutes qui vous fera toucher du doigt (sectionné par Madame, comme il se doit) la pauvreté endémique de la Constantinople Cartagenoise D'Alexandrie (ou bien l'inverse, on ne sait plus trop à force de tant de délicieuse onctuosité). N'oubliez surtout pas de remercier très chaleureusement La Mostra de Venise pour ce si gracieux Lion D'Or (celle la même qui avait gracié le valeureux Joker de Todd Philips), la formidable lucidité des Oscars qui voit la un digne successeur à Kubrick en le nommant dans toutes les catégories (la pauvreté des concurrents cette année devrait faire son affaire), une bonne partie de l'intelligentsia cinéphile côté public comme critique qui célèbrent comme il se doit l'héritage Sophiste du Seigneur Yorgos, et enfin la grande héroïne drama queen de ces vingt dernières décennies la fastueuse Pierre D'Emma qui est promise à l'avenir éminemment radieux des Monts Olympiens.
Signé de la part d'un pompier/pompeux type qui se prend pour un spécialiste du 7ème art, alors qu'en vérité il graille du chicken nugget à longueur de temps.