« Poor things », maladroitement traduit en « Pauvres Créatures », nouveau film phénomène et atypique de Yórgos Lánthimos. Le réalisateur, comme à son habitude, dresse le portrait d’un monde quelque peu dystopique, avec cette fois-ci une certaine féerie.
On y suit Emma Stone, dans une course au golden globes particulièrement démonstrative, jouant une créature enfant-femme évanescente, en quête d’elle-même et du monde.
Petit bémol sur l’évolution sexuelle de la protagoniste un peu trop freudienne, bien que les scènes de sexe -en masse- soient esthétisantes et assez envoûtantes.
Lexique affirmé du conte, le récit, les costumes, et décors font échos à Annette de Leos Carax.
Pauvres Créatures témoigne d’une grande maîtrise de l’image et du récit du réalisateur, où l’on se laisse prendre au jeu de cet univers profondément malaisant et onirique, et éprouve une grande tendresse pour les personnages - notamment grâce au choix et à la direction des acteurs. William Dafoe en gueule cassée, Mark Ruffalo en nouveau riche que l’on adorera détester.
Les images sans couleur du film, influencées par les premières images photographiques de la fin du XIXème - notamment les archives des enquêtes de police sur les meurtres- créent un film amoureux de l’histoire de la photographie.
Grande réussite des costumes, qui accompagnent à la perfection le récit, absolument remarquables par leur anachronisme. Des manches duveteuses de princesse du moyen-âge, des lunettes façon Matrix, des bottes blanches de star hollywoodiennes des années 60. Iconoclaste, fort, sous le regard de Holly Waddington.
Un ton drôle mais triste, des couleurs vives et des formes gothiques, Pauvres Créatures, c’est la rencontre entre Edward aux Mains d’Argent et Peau d’Âne.