Tout y est et on dit bravo à Yourgos Lanthimos pour ça !
Pauvres créatures nous embarque dans les pas de Bella, la "fille" de "Dieu", dans une découverte d'elle-même, d'autrui, du monde avec un grand M, de la sexualité, de sa féminité, de sa force, de sa petitesse, de l'homme avec un tout petit H et j'en passe.
Tout bouge tout le temps, les dialogues sont savoureux, les décors sont soignés au possible, l'humour y est mordant, décapant, les costumes sont merveilleux, l'esthétique est léchée, le laid est rendu beau, la folie est exubérante, le cynisme est sec et réjouissant, les mots d'esprit ne manquent pas et font toujours mouche.
Pauvres créatures est un cadeau de cinéma, un grand film comme je le disais en titre, mais aussi une ode à un féminisme sans concession.
Qui mieux qu'Emma Stone pour incarner ça ? Qui mieux que Bella Baxter pour se réapproprier sa condition de femme, s'émanciper, partir à l'aventure, ne dépendre de personne, relever les contradictions et l'absurdité de l'univers qui l'entoure et aller de l'avant pour se nourrir d'absolument tout ce qu'elle peut sans en rougir un seul centième de seconde ?
J'ai trouvé dans cette fresque dopée à la créativité ce qui manquait cruellement à "Barbie", bien trop gentil et édulcoré à mon goût. Yeah, I said it.
Ici, Yourgos Lanthimos et tout son cast osent, disent, montrent, déconstruisent, dénoncent, écrasent, tordent, recrachent et brisent sans chercher à polir quoi que ce soit, sans essayer de rendre tel ou tel propos plus pop ou plus vendeur, plus accessiblo-familial, sans arrondir le moindre angle et surtout, surtout, sans concession.
C'est bon de voir Mark Ruffalo dans ce rôle ô combien grotesque.
C'est bon de voir Willem Dafoe en Frankenstein rafistolé.
C'est bon de voir Emma Stone crever l'écran pendant 2 heures 20.
Chaque personnage a son importance et dit quelque chose de nous, quelque chose de très cinglant.
Les hommes ne sont pas épargnés. Pas le moins du monde.
Tous sont dysfonctionnels, abusifs, étouffants, toxiques, imbus d'eux-mêmes ou tout simplement ridicules, pour les plus chanceux.
Pourtant, on ne verse pas dans le cliché et la caricature humaine, loin de là.
On pourrait peut-être reprocher un manichéisme flottant, mais ce serait un faux procès, à moins que l'on oublie qu'on évolue à hauteur de Bella Baxter qui est une enfant dans un corps d'adulte.
Un grand oui pour ce tableau chaotique, bizarre, anarchique, décadent et inventif qui ne s'excuse pas d'exister !