Fresque baroque et gothique mettant en scène Bella Baxter, poupée longiligne et désarticulée, créée par un savant défiguré surnommé God. Un récit fantasmatique lunaire, excessif commençant dans un noir et blanc charbonneux et se poursuivant sous les milles feux de couleurs chatoyantes. Après avoir été retenue cloitrée, Bella expérimente, découvre, gagne sa liberté de découvrir le monde (un monde quelque part entre passé et futur, poétique et fabuleux). C'est donc le récit d'une émancipation, d'une libération (sexuelle en particulier), d'une affirmation. Du point de vue esthétique, Yorgos Lanthimos soigne magnifiquement image, cadre et propose une utilisation particulièrement convaincante de l'objectif fisheye. Une œuvre inattendue, surprenante, profondément originale, portée par une Emma Stone impressionnante (une incroyable scène de danse). On peut aussi saluer Willem Dafoe, Mark Ruffalo et Ramy Youssef. Et enfin, on signalera la musique stridente ou dissonante de Jerskin Fendrix.