Le film est un véritable pied de nez à Barbie sorti l’été dernier ! Façonnée d’abord par des hommes, Bella Baxter, poupée sans complexes mais surtout sans interdits sociaux ou parentaux, finira par s’accomplir lors d’un voyage à travers l’Europe. Une (qué)quête d’émancipation où les actes émancipateurs sont sans cesse tourné en dérision. Le trivial est mélangé au burlesque, les corps deviennent ainsi de véritables objets comiques. Vous l’aurez compris devant Poor Things, on rigole beaucoup et de bon coeur !
Le budget du film oblige Yorgos Lanthimos à créer un grand spectacle mais ce dernier ne se laisse pas complètement écrasé par la logique de rentabilité des studios. Le point de vue reste cru et l’univers visuel laisse place à une grande bizarrerie. C’est en somme, le parcours d’une fille étrange dans un monde parcouru par l’étrangeté.
L’effet fisheye nous fait épouser cet univers à 180° et nous montre la richesse de la mise en scène. On est émerveillé par les décors, les costumes, les accessoires et le maquillage. On est emporté par la musique parfois dissonante. Les décors peints, le noir et blanc et le jeu outrancier des comédiens et comédiennes sont autant d’éléments nous rappellant les films expressionnistes des années 20. Le réalisateur filme avec une démesure totale les passages essentiels dans la construction d’un être humain.
Le film n’est certainement pas misogyne mais il n’est pas féministe non plus. Il est une tendance de vouloir calculer la valeur d’un film à son degré de féminisme. Il ne faudrait pas faire l’erreur ici. C’est une histoire centrée autour d’un personnage féminin certes mais il n’est pas tellement question de la condition féminine ici. Poor Things, c’est le récit de la construction d’une conscience par la découverte de concepts fondamentaux tels que la liberté, la morale et la justice.