Visuellement "Pauvres créatures" est une véritable dinguerie qui ne ressemble à rien de connu. Ce monde baroque à la fois steam punk et kitsch fait de bâtiments rappelant souvent ceux de Gaudi et sublimé par l'utilisation d'objectifs grand angle, est un plaisir visuel de chaque instant. Si l'emballage est une superbe réussite, qu'en est-il de l'essentiel, à savoir le scénario ? Cette réinterprétation décalée et souvent drôle du mythe de Frankenstein tient ses promesses. On y parle surtout de l'émancipation des femmes en faisant un focus très appuyé - peut-être trop - sur la sexualité, tout en évitant d'asséner un message simpliste et réducteur. Emma Stone est remarquable dans son rôle et il est difficile de trouver une équivalence entre son personnage et ceux d'autres films. Yorgos Lanthimos propose avec "Pauvres créatures" une expérience visuelle et sonore ébouriffante, un film sans concession qui est même dérangeant lors de son chapitre 'parisien', mais il se perd quand même dans une longueur excessive dans sa deuxième partie où il m'est arrivé de trouver le temps un peu long.