Édouard Molinaro est plutôt un cinéaste de comédies. Il a fait aussi quelques polars efficaces plutôt en début de carrière, comme "un témoin dans la ville". Mais le genre "espionnage", à ma connaissance, il ne l'a tenté qu'à travers "Peau d'espion".
Le scénario est tiré du propre roman de Jacques Robert (que je n'ai pas lu) ; un écrivain, que le succès fuit un peu est approché, par différentes personnes dont son ancien commandant pendant la guerre d'Algérie pour surveiller les agissements d'un savant physicien français, sympathisant du régime maoïste, qui risque d'être enlevé par les services chinois, avec son consentement ou pas.
En réalité, le scénario est un peu plus complexe et machiavélique que ce que j'ai résumé. L'intérêt est qu'on finit par ne plus trop savoir qui manipule qui car les différentes parties sont parfaitement au courant des mouvements de l'adversaire. Un peu comme une partie d'échecs où tous les coups sont à la vue de tout le monde.
Mais il reste cependant intéressant de suivre les diverses évolutions de ce petit monde dont on découvre la noirceur au fur et à mesure de l'avancement du film.
Bernard Blier joue le rôle du commandant des services français, très investi dans la défense des intérêts nationaux et qui s'appuie sur des alliés surprenants (comme un ancien copain moine dans une abbaye).
C'est Louis Jourdan qui joue le rôle de l'écrivain fauché, embauché par tous les bords pour surveiller (ou accompagner) le savant maoïste. Il joue son rôle façon "grand seigneur" pour répondre à l'adage bien connu "Die Nachrichtendienst ist ein Herrendienst".
Ce parti pris de Molinaro (ou du scénariste) est plutôt bienvenu dans le film car donne un second degré au comportement de l'écrivain transformé en espion. De même que la romance avec la vénéneuse ou charmante espionne (c'est selon l'instant) jouée Senta Berger devient un jeu de marivaudage (auquel personne ne croit mais c'est pas grave).
Tout comme Edmond O'Brien qui joue le rôle du commanditaire de l'opération d'exfiltration du savant. Il est l'éditeur d'une revue "futur" qui ne s'intéresse qu'aux monuments de l'Antiquité.
Et Maurice Garrel, second rôle bien connu des polars de cette époque, joue le rôle du savant physicien aux convictions gauchistes.
Bon, on voit que le sujet du film possède un certain potentiel ; il y a de l'idée et même on suit avec intérêt cette intrigue où tout le monde semble au courant de tout et dont on se demande bien comment tout ceci peut se terminer.
Malheureusement, ça manque de chproum ou d'une mise en scène un peu plus nerveuse pour secouer l'apathie un peu générale. En d'autres termes, Molinaro a trop voulu jouer la carte de l'élégance et du duel à fleuret moucheté. Du coup, à part une ou deux scènes d'action bien menées, il rate un peu son effet.