Vu au BIFFF 2024.
Une approche épurée, sensible, particulièrement singulière ; optant comme univers esthétique – habituellement fortement chargé plastiquement – celui de la science-fiction.
Similairement aux frères Boukherma dans Teddy, plutôt dans un registre horrifique ; ou bien Lucas Delangle dans Jacky Caillou, plutôt dans un registre fantastique ; Jérémy Clapin produit cette œuvre hybride, dont la diégèse, éloignée des fastueux décors citadins – digne géographiquement d’un roman pastorale – brouille les référentiels.
Cet isolement bucolique de patelin désenchanté, permet d’articuler tout un monde autour duquel déambule notre taciturne protagoniste. Un monde traité avec justesse, sans tomber dans une caricature abusive, bourrée maladroitement d’accents incompréhensibles et de sociolectes vaguement véristes, mais surtout inopportuns. Une toile villageoise vraisemblable, subtile, où divers sociotypes cohabitent ; bien éloignée du cinéma de genre embourgeoisé de Ducourneau, notamment dans sa purge Grave.
Les figures familiales, amicales, gravitant autour de notre protagoniste font office de personnages fonctions, cependant l’écriture reste percutante ; simple mais viscérale, avec une pointe de grotesque sans verser dans le cynisme.
L’étrange, généralement hors-champs, lorsqu’il apparaît, bénéficie d’effets pratiques visuellement irréprochables de par leur minimalisme.
L’essentiel de l’atmosphère horrifique, parfois planante réside essentiellement dans un éclairage mystique – évoquant Dario Argento – mais aussi une captation sonore volontairement analogue, mêlée à des inserts de plans détaillés d’élément naturel ; aspect organique subjugué contrastant avec une certaine froideur, vision brutaliste de science-fiction souvent récurrente.
Le récit se voit interrompu de séquences oniriques, consistant en passages animés. Ceux-ci sont quelconques sans être forcément désagréables, ni trop disruptifs.
Une belle expérience dans un genre qui m’est souvent insupportable.