On ne fait pas un chef d’œuvre à tous les coups. Mes attentes étaient sans doute trop hautes après l’excellence du précédent et premier film de Jérémy Clapin, J’ai perdu mon corps, ce long métrage d’animation pour adulte qui avait mis tout le monde d’accord, remportant le Grand Prix de la Semaine de la Critique 2019, le Prix du Public au festival d’Annecy cette même année, deux César au début de l’année 2020, ainsi qu’une nomination à l’Oscar du meilleur film d’animation. Autant dire que la nouvelle réalisation du cinéaste français était pour ma part attendue de pied ferme.

Pendant ce temps sur Terre est un honnête film de SF français, mais je n’ai malheureusement pas retrouvé l’effet waouh que m’avais procuré son premier film. Pire : j’ai été un peu déçu.

Pourtant, c’est toujours un petit plaisir de voir qu’en France aussi, il y a de la place pour des projets de science-fiction (même s’ils sont bien trop rares). Ici, l’intrigue suit Elsa, une jeune fille qui ne digère pas l’absence de son frère aîné Franck, astronaute disparu 3 ans plus tôt lors d’une mission spatiale. Un soir, en observant les étoiles, elle croit entendre sa voix. La voilà bientôt contactée par une voix caverneuse, provenant d’une mystérieuse entité extraterrestre qui lui promet le retour de son frère, en échange d’un petit service…

L’un des grands points forts du film nous vient des acteurs, et en particulier de Megan Northam qui joue Elsa. Si le film de Jérémy Clapin n’est que le quatrième rôle au cinéma de la jeune actrice (après Robuste, Les Passagers de la nuit et Fifi), le grand public la connaît surtout pour son rôle de Mia, la sœur de Tom dans la série de Cédric Klapisch Salade grecque. Série dans laquelle Megan (et surtout le personnage qu’elle interprétait) m’avait passablement agacé et déplu. Avec Pendant ce temps sur Terre, je réapprends en quelque sorte à l’apprécier, car son jeu est assez intense.

Malheureusement, j’ai trouvé que le film possédait un je-ne-sais-quoi qui ne fonctionnait pas. Sans doute un scénario assez bancal, une fin plutôt décevante, et des moyens trop limités pour l’ambition du projet. Car l’ambition débordante de faire un Rencontres du troisième type français se fait sentir. J’ai trouvé que le film n’avait cependant pas les moyens de ses ambitions, certaines séquences font un peu cheap. Pourtant, on peut réussir d’excellents films de SF fauchés, L’Astronaute de Nicolas Giraud, sorti début 2023, en est un parfait exemple.

Pendant ce jour sur Terre met en lumière un certain nombre de thématiques que semble affectionner tout particulièrement Jérémy Clapin. Tout d’abord son goût pour les objets tranchants ! Après la scie circulaire de J’ai perdu mon corps, la tronçonneuse joue ici un rôle décisif pour le récit.

L’animation ensuite : ce deuxième long métrage est parsemé de séquences d’animation en noir et blanc, comme autant de petites bulles de rêverie SF. De très belles images, bien qu’un peu (trop) déconnectées du reste du long métrage.

Enfin une attention toute particulière à la bande sonore et à la musique. Côté musique, Clapin collabore de nouveau avec le compositeur Dan Levy (qui avait obtenu le César de la musique pour J’ai perdu mon corps) pour proposer une BO intrigante et très réussie. Côté bande-son, le cinéaste utilise à de nombreux moments les effets sonores comme véritables ressorts du récit.

Pendant ce jour sur Terre est loin d’être déplaisant, mais manque d’ampleur et m’a laissé un petit sentiment de long-court métrage. Une sensation sans doute attisée par la photographie plutôt quelconque sur les séquences de prises de vues réelles.

On a maintenant hâte de voir ce que le réalisateur nous concocte pour la suite, et on espère secrètement un retour au 100% film d’animation !

Créée

le 23 juil. 2024

Critique lue 115 fois

8 j'aime

1 commentaire

D. Styx

Écrit par

Critique lue 115 fois

8
1

D'autres avis sur Pendant ce temps sur Terre

Pendant ce temps sur Terre
D-Styx
6

“This is Major Tom to Ground Control”

On ne fait pas un chef d’œuvre à tous les coups. Mes attentes étaient sans doute trop hautes après l’excellence du précédent et premier film de Jérémy Clapin, J’ai perdu mon corps, ce long métrage...

le 23 juil. 2024

8 j'aime

1

Pendant ce temps sur Terre
cadreum
6

Poésie de l'attente

Pendant ce temps sur Terre, dirigé par Jérémy Clapin, évolue entre le drame intimiste et une science-fiction aux nuances poétiques, construisant un univers en apesanteur. Clapin dépeint avec...

le 2 nov. 2024

5 j'aime

Pendant ce temps sur Terre
Cinephile-doux
6

N'est pas David Vincent qui veut

Très attendu après ses débuts avec J'ai perdu mon corps, le premier long-métrage de Jérémy Clapin en prises de vues réelles (quoique, pas totalement) reste dans une veine ouvertement fantastique...

le 23 mars 2024

5 j'aime

Du même critique

Annette
D-Styx
10

Adam Driver and the Cursed Child !

Vraiment, ça faisait bien longtemps qu'on n'avait pas vu autant de cinéma dans un film ! Une proposition si singulière, un long métrage de cet ampleur ! Quel plaisir de découvrir en Ouverture de...

le 2 juin 2022

44 j'aime

13

Road House
D-Styx
7

Jake l'éventreur

Je suis surpris de lire autant d’avis aussi négatifs sur Road House. Certes, clamer au chef d’œuvre serait légèrement disproportionné, mais j’avoue que je n’ai pas passé un moment déplaisant en...

le 25 mars 2024

40 j'aime

6

Bob Marley: One Love
D-Styx
8

One Love, One Heart, One Destiny !

Les biopics musicaux ont bien souvent un point commun : celui d’être décriés à leur sortie, car jamais assez proche de la réalité, de la vie de l’artiste, de l’image que l’on s’en fait. Mais en...

le 12 févr. 2024

38 j'aime

6